Du 4 au 29 mai 2021, aura lieu à Paris le “Festival des Abolitions”, un événement culturel et artistique qui célèbre tous les deux ans la fin de l’esclavage dans l’Outre-Mer français.
C’est parce qu’il avait la conviction en s’installant à Paris en 1999, qu’il existait une “une forte méconnaissance de l’histoire coloniale aux Antilles”, que Sylvio Méranville a décidé de créer ce festival pour informer les “Français dit de souche” (selon son expression). Pour ce Martiniquais de 49 ans (président-fondateur de l’association Four a-rts et régisseur au centre Wallonie Bruxelles à Paris), “il est important d’être vigilant sur ces questions et d’intégrer pleinement cette histoire dans le récit national français, d’autant plus qu’il s’agit de notre histoire commune”.
Cet événement artistique et culturel voit le jour en 2004 sous le nom de “International 22 Mai” en référence à la date de l’Abolition de l’esclavage en Martinique en 1848.
“Beaucoup de Français ne savent pas que les Antilles Françaises ont des jours fériés liés à leurs luttes pour la Liberté comme par exemple, le 22 mai 1848 pour la Martinique, le 27 mai 1848 pour la Guadeloupe ; il en est de même pour la Guyane, la Réunion etc. (…) 153 ans après sa deuxième Abolition, la France reconnaît l’esclavage comme “crime contre l’humanité” grâce à la loi Taubira de 2001. Depuis, elle organise une journée commémorative, le 10 mai, qui n’est pas pour autant un jour férié”, explique-t-il dans la genèse du projet.
Aujourd’hui, la manifestation qui est devenue le “Festival des Abolitions” se présente comme une biennale gratuite pour le public.
Il s’agit d’un rendez-vous culturel avec des expositions d’art, du spectacle vivant, des débats autour des thèmes de l’abolition de l’esclavage et de la réconciliation. Mais, précise celui qui a été danseur, assistant lumière, assistant décorateur ou encore producteur de documentaires et de clips dans la Caraïbe et dans l’Hexagone : “le thème de l’esclavage, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’est pas uniquement une question de couleur de peau, c’est un moment de commémoration nationale. Ainsi, lors de cet événement, nous visons un public le plus large possible, où descendants d’esclaves, les Français d’outre-mer, les Parisiens, les Franciliens de tous âges sont invités à s’approprier cette sombre histoire et rendre hommage aux victimes de la traite transatlantique”.
En parallèle, depuis 2018, a été créée l’Université Réconciliations en partenariat avec le 100ecs avec une programmation d’un thème tous les deux mois : “le but de ces universités populaires est le partage des savoirs qui nous mènent aux tréfonds de l’âme, de la culture et de l’histoire des personnes d’ascendance africaine (…)”.
Quelques rendez-vous du programme
– Grande exposition “Kris d’Afrikantilles” avec Aboubacar Traoré, Abdou Diallo, Amsatou Diallo, Bintou Camara, Col, H. Dicko (photographes) & Romain Ganer, Denis Hérelle, Sandrine Plante, JC K-Bô, Jean-Marc Boudine, Wilberte Dessalines, Hicham et Sylvio Méranville, Régine Chardon, Germa Adan, Alliance Frantzdy, Pierre Austin, Nès 1804 (artistes plasticiens)
4 mai à 19h00 : Projection du documentaire “Citoyens Bois d’Ébène” de Franck Salin
8 mai : Rencontre et séance dédicace avec Serge Diantantu (créateur d’albums de BD)
8 mai : Rencontre/Débat avec Emmanuel Gordien (président du CM98), Juliette Sméralda, (sociologue, chercheuse et consultante), Myriam Cottias, (historienne, directrice de recherche au CNRS, coordinatrice du programme de l’Agence Nationale de la Recherche)
15 et 16 mai : 3e édition du Festival “Les Couleurs du Court Métrage”
21 mai : Hommage à Romain Ganer (peintre, sculpteur, dessinateur etc.)
22 mai : Concert avec Shein B, Max Cilla, Nèg Lyrical