Le carnaval est synonyme de déguisement. Dans le traditionnel carnaval de la Guadeloupe, il existe des masques (mas ou mass, en créole) qui se sont inspirés de l’héritage européen, africain, indien ou encore amérindien.
Il y a une quarantaine d’années, en période de carnaval (samedi ou dimanche), des groupes d’hommes et de jeunes hommes revêtaient leurs costumes et masques à l’abri des regards indiscrets, parcouraient les rues en jouant du tambour, en chantant, en sifflant, en claquant des fouets et en dansant. C’était la fête mais pas pour tout le monde. En effet, de loin, on les entendait arriver. Les enfants qui étaient allés faire une course à l’épicerie du quartier, par exemple, se dépêchaient de rentrer au domicile familial pour se cacher (en général…sous le lit!). Les “mass” effrayaient, choquaient. Les parents, plus courageux et amusés, recevaient ces personnes déguisées qui jouaient de la musique et dansaient devant eux. Ensuite, ces “mass” étaient récompensés de pièces de monnaie. Ils passaient ainsi de maison en maison ce qui animait les quartiers.
Aujourd’hui, les jeunes essayent de faire revivre cet héritage culturel. Cependant, il faut déplorer l’action de certains “mass” qui se contentent de bloquer la circulation routière et d’exiger de l’argent aux automobilistes afin de les laisser passer. Le comportement de ces jeunes n’a rien d’artistique.
Parmi les nombreux “mass” du carnaval guadeloupéen, il y a :
– le “mas a hangnion” ou “Mas a rannyon“ (masque en haillons) qui symbolise la pauvreté, le manque d’argent après les fêtes de Noël et est vêtu de haillons multicolores
– le “mas a lanmò“ (masque de la mort) qui porte un masque funéraire (une tête de mort) et un costume noir et blanc sur lequel est dessiné un squelette
– le “mas a fwèt” (masque à fouet) porte une chemise et un pantalon en tissu madras ainsi qu’un masque et une cagoule ; il claque son fouet pour affirmer son autorité, sa virilité
– le “mas a kònn” (masque à cornes) est représenté par deux énormes cornes de taureau, un signe de force et de virilité
– le “mas a man Ibè” (masque de Mme Hubert) symbolise l’hypocrisie. Originaire de Pointe-à-Pitre, la guérisseuse Madame Hubert utilisait des herbes magiques et elle était critiquée le jour par les personnes qui venaient la consulter la nuit
– le “mas a woukou” (masque à roucou) a tout le corps enduit de roucou (Bixa orellana) à l’instar des Amérindiens (Caraïbes) et porte un pagne
– le “moko zombi” dissimule son visage derrière un masque, marche sur des échasses et porte un parapluie pour ramasser des pièces de monnaie ; il danse au son du triangle, du tambour et de l’accordéon. Il représente le diable, les mauvais esprits, les zombis. On retrouve le “moko zombi” dans d’autres îles caribéennes comme les Îles Vierges Britanniques…
– le “mas a Kongo” (masque à Congo), le “mass gwo siwo” (masque gros sirop) ou le “mass a goudwon” (masque de goudron) se prépare en se passant sur le corps un mélange de mélasse très noir et en portant un pantalon de travailleur agricole (kanoka) pour représenter les esclaves venus d’Afrique. Deux bâtons sont posés parallèlement sur les épaules de quatre “mass”, un cinquième “mass” grimpe sur cet “échafaudage” pour exécuter une danse sportive et acrobatique. On retrouve aussi le “mass a goudwon” dans d’autres îles de la Caraïbe (la Grenade…)
– le “mas a riban” (masque à rubans) vient des travailleurs indiens arrivés en Guadeloupe au 19e siècle. Il porte un chapeau et un vêtement sur lequel sont cousus des rubans ; il danse au pied d’un mât en tressant de longs rubans. À Aruba, il existe aussi une danse traditionnelle qui consiste à tresser des rubans le long d’un mât…
– le “mas a miwa” (masque à miroirs) est aussi inspiré de l’Inde. Son vêtement en tissu de Madras ou très coloré est recouvert de morceaux de miroir.
Des groupes de carnaval – comme Voukoum – inventent d’autres masques pour perpétuer cette tradition.
Lors des parades, les “mass” se montrent à la foule qui est amusée, effrayée ou plongée dans la réflexion.