La variété de groupes, de musiques et d’instruments, de chants, de danses, de costumes, de décors et de défilés fait la beauté du carnaval de Guadeloupe qui est l’un des événements populaires majeurs de l’île attirant de plus en plus de touristes.
Incontestablement, le carnaval de Guadeloupe est d’une grande richesse. Le carnaval, fête païenne, arrive en Guadeloupe au 17e siècle avec les colons européens. Il s’agit, à l’époque, de bien festoyer avant de jeûner pendant les 40 jours de Carême. À cette occasion, seuls quelques bals masqués sont organisés par les colons blancs et les Noirs libres. Les esclaves, quant à eux, sont interdits de rassemblement à cause de l’article 16 du Code Noir datant de 1685 et promulgué par le roi de France, Louis XIV.
Après l’Abolition de l’esclavage en 1848, les nouveaux libres s’emparent petit-à-petit de cette tradition et organisent des “bals Nègres”. Ensuite, cette manifestation envahit la rue.
Un calendrier concerté
Si jusque dans les années 1960-1970, seules les personnes les plus aisées défilent sur les chars le Mardi Gras alors que les plus modestes se contentent du défilé en masse (vidé, en créole), de nos jours les choses ont bien changé. Le carnaval actuel est un mélange de ces différentes étapes quand la fête et la dérision sont de rigueur dans la société. Si le programme comporte une cinquantaine de rendez-vous dès le mois de janvier, quatre restent incontournables : le “Dimanche Gras” ; le “Lundi Gras” ; le “Mardi Gras” ; le “Mercredi des Cendres“.
Le “Dimanche Gras”, une grande parade de plus d’une cinquantaine de groupes de carnaval venus de toute l’île est organisée, dans les rues de Pointe-à-Pitre.
Le “Lundi Gras”, deux grandes parades nocturnes ont lieu à Basse-Terre et à Saint-François.
Le “Mardi Gras”, une gigantesque parade se déroule dans la capitale, Basse-Terre, avec presque tous les groupes de carnaval de la Guadeloupe et leurs majestueux décors avec la participation de quelques groupes étrangers invités. Le roi et la reine du carnaval sont également de la fête.
Le Jeudi de la Mi-Carême, une spécificité guadeloupéenne
Pendant ces trois jours de liesse, les carnavaliers parcourent plusieurs kilomètres en chantant, en dansant et en jouant de la musique, jusqu’à très tard dans la nuit. Des concours déterminent la meilleure musique, le meilleur char, la meilleure chorégraphie, le meilleur décor.
Le “Mercredi des Cendres”, c’est le dernier jour des festivités avec le grand “vidé” (défilé, en français) généralement en noir et blanc en signe de deuil. Les carnavaliers et la foule de spectateurs célèbrent les funérailles de “Vaval”, le roi du carnaval, représenté par un pantin (ou bwa bwa, en créole) qui est brûlé à la fin de la cérémonie. Alors, tout le monde chante en créole, “Vaval ka kité nou” (“Vaval nous quitte”) et certains simulent des pleurs…
À ces quatre jours, il faut ajouter le“Jeudi de la Mi-Carême” (20 jours après le début du Carême) où il est permis de faire une pause. Ce jour est férié en Guadeloupe et les carnavaliers (certes moins nombreux) défilent en rouge et noir.
Au cours de ces trente dernières années, plusieurs groupes de carnaval sont nés, d’autres ont disparu. La Guadeloupe compte aujourd’hui près de 80 groupes qui se classent en 4 catégories.
Des groupes avec des instruments modernes
Il y a, d’abord, les “groupes à caisses claires” où les danseuses et les musiciens défilent à pied et arborent des couleurs très chatoyantes, les cuivres rythment le tempo, des décors magnifiques sont présentés au public. Ces formations sont modernes. Parmi les plus anciennes, Magma, Kontak, Toumblack, Waka, Guimbo All Stars…
Ensuite, il y a les “groupes à synthétiseurs” qui se composent d’un (ou de deux) “synthé”, une guitare basse et de grosses enceintes de sonorisation montées sur une camionnette ; le tout alimenté par un groupe électrogène. Des danseuses exécutent des chorégraphies endiablées. Les plus anciens “groupes à synthé” sont Mango Dlo, Pikan, Volcan et Ti Bwa.
Ce type de groupe rappelle les anciens orchestres montés sur de gros camions avec de grosses “sonos” qui animaient le carnaval jusque dans les années 1970, avant la multiplication des groupes à pied.
Une augmentation des groupes traditionels
Dans les “groupes à peau”, (gwoup a po, en créole), les musiciens frappent sur des tambours traditionnels recouverts d’une peau de cabri pour jouer de la “musique à Saint-Jean” ou de la “musique gros sirop” (mizik gwo siwo, en créole), accompagnés du son des conques de lambis. Ces formations carnavalesques qui se veulent très traditionnelles voire anti-colonialistes postent des jeunes membres à l’avant de leurs défilés qui claquent des fouets en souvenir de l’esclavage et qui parfument l’air avec de l’encens pour chasser les mauvais esprits. Les défilés se font avec des pas rapides, presque militaires. Les premiers groupes de ce genre sont Akiyo (1979) et Voukoum (1988).
Enfin, il y a les “groupes à Ti Mass” apparus dans les années 2000 qui attirent plutôt les jeunes. La plupart des membres portent un masque de gorille et exécutent une chorégraphie sur des thèmes d’actualité (accident de la route, drogue, violence…). Les musiciens frappent sur des bidons et des caisses claires. Le plus ancien groupe est Mass Moul Massif.