Après des jours de concertation, la Préfecture, les collectivités et les fédérations carnavalesques sont enfin tombées d’accord : dès ce dimanche 13 février 2022, les défilés auront lieu officiellement dans les rues de Pointe-à-Pitre. Si tout se passe correctement, cette expérimentation sera étendue à la capitale de la Guadeloupe, Basse-Terre, et aux autres communes de l’archipel.
Afin de garantir la sécurité des spectateurs, les autorités préfectorales demandent aux membres des différents groupes d’effectuer, avant le défilé, un test dont le résultat doit être négatif.
Après deux années d’arrêt à cause de la pandémie de Covid-19, le carnaval de Guadeloupe et son roi Vaval qui est brûlé chaque mercredi des Cendres vont renaître de leurs cendres. Cependant, il est à noter que cette interdiction de défiler dans les rues devenait ingérable pour les autorités car, chaque dimanche, des défilés “clandestins” étaient organisés dans les rues pointoises et le public était de plus en plus nombreux à se masser le long des trottoirs en oubliant le couvre-feu à 20h00 et l’interdiction de rassemblement de plus de six personnes sur la voie publique.
Cependant, si les autorités acceptent de laisser ce pan de notre patrimoine s’exprimer, de laisser le peuple “respirer”, des interrogations demeurent sur cette organisation.
En effet, si toutes les précautions devraient être prises concernant les carnavaliers pour qu’ils ne se contaminent pas entre eux et ne contaminent pas la population, quelles sont les mesures prises pour qu’il n’y ait pas de contamination entre spectateurs? Le carnaval étant un moment de liesse populaire, comment obliger les spectateurs à garder le silence et leurs masques ainsi qu’à respecter la distanciation? De quelle “bulle sanitaire” parle-t-on? La majorité des Guadeloupéens refusant catégoriquement de se faire vacciner, finalement l’immunité collective tant attendue par certains se réalisera quand tout le monde sera… contaminé.
Par ailleurs, il faut savoir que le dimanche, les défilés à Pointe-à-Pitre sont composés de quelques “groupes à Ti-Mass” et de “groupes à caisses claires” et d’une majorité de “groupes à peau”. Sachant que ces derniers prônent la liberté de défiler comme ils veulent et selon le circuit qu’ils ont établi, donc sans aucune autorité qui les contrôle, on ne peut que s’interroger sur l’efficacité des mesures annoncées. On annonce aussi un changement d’horaires pour le couvre-feu : actuellement fixé de 20h00 à 5h00, il passe, ce samedi, de 22h00 à 5h00. En général, les “groupes à peau” quittent leur local vers 18h00 pour défiler jusqu’à minuit ou 1h00 du matin, les autorités préfectorales sont-elles certaines que les carnavaliers auront stoppé les festivités à 22h00, quand l’ambiance est à son paroxysme dans la chaleur de la nuit?
Nos voisins caribéens qui ont maintenu leur carnaval l’an dernier (Saint-Kitts & Névis, Montserrat, Îles Vierges des États-Unis…) ainsi que Trinidad & Tobago qui a débuté ses festivités le 04 février dernier, ont tous annulé les grandes parades de rues préférant des shows dans des lieux déterminés avec des participants vaccinés. Le carnaval de Guadeloupe étant un carnaval de rue, cette organisation sous cloche s’avère difficile à mettre en pratique pour éviter ce virus…