La 8e édition des “Rencontres autour du Festival International du Film d’Éducation” (RFFE), organisée par les CÉMÉA Guadeloupe, s’est déroulée du 9 au 13 avril dans 9 communes et villes. Cette année, 25 films originaires de 17 pays ont été projetés gratuitement aux différents publics. L’invité d’honneur était le réalisateur espagnol Julian Quintanilla qui a présenté son moyen-métrage intitulé “Le Monde Entier”. Le tout public gagnerait à découvrir ce festival de cinéma totalement gratuit où les films sont suivis de débats.
Depuis 2011, il existe en Guadeloupe un grand festival de cinéma qui mériterait d’être mieux connu par le grand public. Il s’agit des “Rencontres autour du Festival International du Film d’Éducation”. Certaines personnes interrogées étaient persuadées que ce festival consistait à réunir enseignants et parents pour parler de thèmes sur l’éducation des enfants. Si la discussion est bien présente, les “Rencontres autour du Festival International du Film d’Éducation” sont d’abord un vrai festival cinématographique. Cette manifestation culturelle est organisée, chaque année, par le “Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active” (CÉMÉA), une association reconnue d’utilité publique qui est implantée en Guadeloupe depuis 1961 mais qui a été créée en France hexagonale en 1937 et qui existe dans toutes les régions de l’Hexagone et de l’Outre-Mer. Son siège en Guadeloupe se trouve à Bergevin à Pointe-à-Pitre et elle intervient dans plusieurs domaines : les métiers de l’animation (BAFA, BAFD etc.), le social, la culture, la petite enfance, les médias et l’éducation. Présidés par Jean-Pierre Picard, les CÉMÉA Guadeloupe comptent 5 salariés et un “réseau de militants bénévoles”.
Les “Rencontres autour du Festival du Film d’Éducation” (RFFE) sont, en fait, une édition décentralisée du “Festival International du Film d’Éducation” (FIFE), un rendez-vous du 7e art très important qui se déroule début décembre dans la ville d’Évreux en Normandie depuis 14 ans, avec des invités, des prix etc. Si en Guadeloupe “Rencontres” a été ajouté à cette appellation, tous les autres CÉMÉA installés dans les autres régions ont également ajouté un mot ou une expression pour se différencier.
25 films projetés dans 9 communes
Le festival n’ayant pas eu lieu en 2018 en Guadeloupe, les films qui viennent d’être projetés lors de cette 8e édition des “Rencontres autour du Festival du Film d’Éducation” sont issus des 13e et 14e éditions du FIFE. Après avoir proposé au public des thèmes comme “Jeunesse, osez grandir” en 2014, “Stéréotypes” en 2015, “Société(s)” en 2016 ou encore “Toutes les familles” en 2017, le thème du festival dans notre région, en 2019, était “Toi, mon amour, mon ami.e”.
Du 9 au 13 avril, 25 films (courts-métrages, moyens-métrages et longs métrages) ont été proposés au public jeune et moins jeune.
La cérémonie d’ouverture du Festival s’est effectuée mardi 9 avril dernier à 19h30 au ciné-théâtre du Lamentin avec la projection du film “Heartstone, un été islandais” du réalisateur G.A. Gudmundson qui avait reçu le “Prix du long-métrage d’éducation 2017” au FIFE à Évreux.
En ce qui concerne la programmation réservée au public jeune (écoles élémentaires, collèges, lycées, centres de loisirs et quartier pour mineurs en milieu carcéral),18 films (fiction et dessins animés) réalisés en Slovénie, Pologne, Grande-Bretagne, Espagne, Croatie, Allemagne, République Tchèque, Suisse, Australie, Italie, Portugal, Norvège, Belgique, Russie et France ont été projetés dans 9 communes de l’île c’est-à-dire Le Moule, Gourbeyre, Basse-Terre, Les Abymes, Grand-Bourg sur l’île de Marie-Galante (pour la première fois), Sainte-Anne, Le Lamentin, Baie-Mahault, Le Gosier…
“Cette année, nous avons eu une demande de l’île de La Désirade qui souhaite aussi recevoir des projections de films. Les CÉMÉA de Guadeloupe travaillent en étroite collaboration avec le Rectorat de Guadeloupe. Dès le mois de novembre dernier, 1 600 élèves se sont inscrits pour voir les films avec leurs classes. Une vingtaine de bénévoles a été formée en janvier et mars afin d’animer les débats organisés avant ou après la projection des films”, déclare Étienne Lamoulie, professeur de lettres dans un collège en Guyane qui est chargé de mission “École et Culture” auprès des CÉMÉA Guadeloupe depuis septembre 2018. Il fait partie des 35 enseignants détachés auprès de cette association, reconnue d’utilité publique, sur tout le territoire français avec l’accord du Ministère de l’Éducation Nationale.
La parole démocratisée
L’organisation de débats est, en effet, l’originalité de ce festival de cinéma. Ainsi, ces bénévoles qui sont aussi appelés des “militants” ont eu l’occasion de présenter le RFFE et d’animer des ateliers d’accompagnement culturel dans les écoles primaires (création d’affiches, réflexion à partir des titres des films etc.) “Aux CÉMÉA, nous pensons qu’on apprend en faisant les choses, une seule personne ne détient pas tous les savoirs mais on construit les savoirs dans l’échange donc nous donnons la parole à tout le monde. C’est ce que nous appelons une “éducation active” et non “passive”. Nous ne faisons pas la morale, nous ne disons pas aux gens comment penser, nous ouvrons la réflexion. J’ai animé une séance à Sainte-Anne, les élèves âgés de 8 à 11 ans ont posé beaucoup de questions”, explique Étienne Lamoulie.
Avant le festival, les élèves en classe de 1ère option cinéma du Lycée Georges Nicolo à Basse-Terre ont également pu voir des films des séances tout public et ont réalisé des critiques qui ont été diffusées pendant le festival.
Le jeudi 11 avril, une journée d’éducation aux médias et à l’image a été organisée à la médiathèque Ernest Pépin du Lamentin en partenariat avec le Réseau Canopé, le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLÉMI) et la Cité des Métiers. Les collégiens ont alors pris part à des ateliers de découverte du cinéma et de l’audiovisuel.
Quant aux professionnels de l’éducation (enseignants, éducateurs et animateurs) de l’École supérieure du Professorat et de l’Éducation (ESPE), le mercredi 10 avril, ils ont pu voir deux films et débattre autour de la question suivante : “Des espaces éducatifs occasionnellement non-mixtes peuvent-ils permettre une expression plus libre des participants et aider à un meilleur vivre-ensemble dans la société?”
Rencontre avec le réalisateur espagnol, Julian Quintanilla
Pour le tout public, six films avaient été programmés : 3 documentaires français et néerlandais et 2 longs-métrages islandais et italien ainsi qu’un moyen-métrage espagnol. Les lieux de projections ont été la médiathèque Ernest Pépin du Lamentin, le Fort Fleur d’Épée du Gosier et le centre culturel Gilles Floro de Gourbeyre. La séance de clôture de la 8e édition des “Rencontres autour du Festival du Film d’Éducation” a eu lieu le samedi 13 avril dernier sur le parking du siège des CÉMÉA. Les spectateurs ont pu profiter gratuitement de la projection du documentaire “Rock’n’rollers” du réalisateur néerlandais D. Bol qui s’était vu décerner en 2017 la “Mention spéciale du grand jury” au FIFE et du film intitulé “Le Monde Entier” en présence de son réalisateur espagnol, Julian Quintanilla ; cette dernière projection a été suivie d’un débat avec le réalisateur et d’un cocktail de fin de festival.
Lors de la dernière édition en novembre 2017, le festival avait attiré 1 500 spectateurs (dont une grande majorité de scolaires). “Pour cette 8e édition du Festival, nous atteindrons 2 000 spectateurs mais, dans le futur, nous souhaitons mettre l’accent sur la participation du tout public”, dit Étienne Lamoulie.
Les cinéphiles devraient, en effet, s’intéresser davantage aux “Rencontres autour du Festival du Film d’Éducation”, le seul festival de cinéma en Guadeloupe à proposer gratuitement des films de qualité et des débats où chaque participant peut s’exprimer.