Il y a deux semaines, le Préfet de la Guadeloupe a annoncé un certain nombre de mesures – dont un couvre-feu – afin de freiner la propagation du variant Omicron dans l’archipel. Inévitablement, ces restrictions annulent les défilés carnavalesques qui devaient débuter le dimanche 2 janvier dernier et se poursuivre chaque week-end jusqu’aux Jours Gras. Kariculture publie la lettre ouverte adressée au représentant de l’État, par l’un des acteurs majeurs du carnaval guadeloupéen, le Mouvman Kiltirèl AKIYO.
Les Abymes, le 18 janvier 2022
LETTRE OUVERTE
A Monsieur Le Préfet,
Copie aux :
Cabinet du Préfet – Comité de suivi du Préfet – ARS –
Conseil régional – Conseil Départemental
Nous voilà, un an après dans la même situation sanitaire!
Dès l’année dernière, le Mouvman Kiltirel AKIYO (MKA), a pris très tôt la décision de ne pas débouler dans les rues afin de protéger la population guadeloupéenne.
Face à une pandémie mondiale,inconnue,conscients de cela, mais aussi soucieux
des risques encourus, nous avons voulu contenir la jeunesse et éviter la prolifération du virus.
Dans cet esprit, nous vous avons régulièrement demandé de prendre vos responsabilités pour protéger la population guadeloupéenne. Notamment en réglementant les arrivées des passagers sur le territoire, vaccinés ou pas.
Il est inadmissible qu’il n’y ait pas de motifs impérieux et de vraies quarantaines imposés À TOUS LES PASSAGERS arrivants, et ce en dépit du fait que le variant Omicron sévissait déjà en France hexagonale.
Aucune de ces mesures n’a été prise, pour anticiper la vague de contamination en cours et force est de constater qu’encore une fois notre culture est sacrifiée comme l’année dernière qu’il s’agisse du carnaval, de Pâques, des grandes vacances et des fêtes de fin d’année. Nous sommes sur une île, il n’y a aucun variant qui arrive en Guadeloupe « à la nage»!
Nous vous invitons M. Le Préfet à vous renseigner sur l’importance des mœurs et coutumes de notre île. La Culture a une place incontournable dans l’équilibre de la vie guadeloupéenne (Léwoz, kout tambou,théâtre,musique,etc…). Dans la tension sociale actuelle, il serait donc impensable que notre culture ne s’exprime pas et que notre population perde ses repères.
Le Mouvman Kiltirel AKIYO est un militant culturel qui lutte au quotidien pour l’émancipation des valeurs traditionnelles, transmises par nos ancêtres et propres à notre île. Nous sommes conscients qu’il faut que l’économie locale survive, mais pas au détriment de ce que nous sommes.
Il est inconcevable que des personnes qui voyagent, quelles qu’elles soient, viennent prendre du bon temps en Guadeloupe, tandis que nous nous voyons imposés des restrictions.
Il serait judicieux de créer un consensus pour faire vivre notre île tout en protégeant ses habitants et donc de réunir la classe politique, économique, syndicale, associative, culturelle, événementielle et patronale, afin que tout le monde s’y retrouve et que la population arrête d’être victime des intérêts des uns et des autres.
Le 5 Janvier dernier, vous avez annoncé des mesures pour les 3 prochaines semaines. Cependant en ce moment, nous sommes dans une période qui est importante à la fois pour notre patrimoine, notre jeunesse, nos familles, nos enfants, et l’économie locale.
Encore une fois cette période sera sacrifiée par votre manque d’anticipation et de protocole strict visant à éviter cela.
Le Mouvman Kiltirel AKIYO, vous annonce d’ores et déjà, M. Le Préfet que nous allons permettre à notre culture de vivre et de reprendre sa place pendant cette saison carnavalesque. Dès que, selon nous, la situation sanitaire le permettra, restrictions ou pas, nous ferons ce que nous savons faire de mieux : transmettre de l’énergie positive, de la guérison, de la force et de l’amour à notre peuple armés de nos tambours.
Nous inviterons toute la population guadeloupéenne à vivre cette période et nous rejoindre pour se ressourcer et manifester leur ras-le-bol, par amour pour nôtre île et protection de ce que nous sommes et ce que nous voulons laisser à nos enfants!
Nous vous incitons à vous renseigner sur l’histoire de la Guadeloupe, nous ne sommes pas un peuple qui se soumet.
Au nom de notre Culture et pour La Guadeloupe.
Ki Yo Vlé Ki Yo Vlé Pa !