Steeve Vérin était un artiste peintre discret, il a quitté ce monde discrètement.
Discrètement, car nous sommes très étonnés de ne trouver dans la presse locale aucune trace à propos de sa disparition soudaine pourtant certains médias lui avaient consacré quelques articles. À Kariculture, nous n’avons jamais reçu d’invitations ou de communiqués lors de ses expositions individuelles (peut-être un oubli) mais nous suivions de loin son travail. Kariculture n’a pas eu le temps de rédiger son portrait comme nous l’avons déjà fait pour d’autres artistes mais, nous avons eu l’occasion de mentionner son nom lors d’une exposition collective…
Le vendredi 15 décembre dernier à 11h00 à la salle de recueillement du fénérarium des Pompes funèbres antillaises à Blanchet, Morne-à-l’Eau (Guadeloupe), ont eu lieu les obsèques de l’artiste peintre Steeve Vérin surnommé “Titi”. Toutes les personnes qui le pouvaient étaient présentes pour dire au revoir à ce jeune homme discrèt, timide, simple, et surtout talentueux, un artiste caribéen très prometteur qui a quitté ce monde prématurément.
Une disparition brutale
En effet, le samedi 2 décembre dernier, le monde artistique, plus particulièrement le monde des arts plastiques, a été choqué par le décès de Steeve Vérin à l’âge de 32 ans. Né à Pointe-à-Pitre et domicilié aux Abymes en Guadeloupe, le jeune homme est décédé en Martinique où il préparait une 5e année d’études (Master) sur le Campus Caribéen des Arts après avoir été diplômé de l’École nationale supérieure d’art décoratif (ENSA) de Limoges (France) en 2014.
Le jeudi 7 décembre dernier, un hommage lui a été rendu dans l’île soeur par les étudiants, les professeurs, ses amis artistes et ceux qui ne pouvaient pas être présents ont été invités à faire parvenir leurs témoignages par WhatsApp ou par courriel.
Le jeune Steeve Vérin avait tellement de choses à partager avec le public guadeloupéen, caribéen et d’ailleurs à travers son art malheureusement, il est parti trop tôt, avant d’avoir pu le développer davantage.
Une carrière artistique en construction
De mars à avril 2020, le Palais de la culture Félix Proto aux Abymes devait accueillir son exposition “Tolérance” mais la pandémie de Covid a stoppé cette présentation.
En octobre 2020, quatre de ces oeuvres présentées au musée-galerie Kréol West Indies de Saint-François ont été vendues à un collectionneur de Marseille… Ces visages déformés étaient en couleur mais en 2019 l’artiste en avait réalisé une série en noir et blanc…
En septembre 2021, Steeve Vérin qui s’inspire du peintre anglais Francis Bacon (1909-1992), avait fait une entrée remarquée dans le paysage artistique guadeloupéen avec sa première grande exposition individuelle intitulée “Je Suis” à l’hôtel Arawak Beach Resort (Le Gosier); la souffrance, la douleur, la mort, la vie étaient entre autres suggérées à travers cette série de treize portraits colorés, floutés, déformés…
En avril-mai 2023, le peintre avait choisi la galerie Emergenc’Art à Petit-Bourg pour montrer sa deuxième grande exposition individuelle appelée “Résilience” où il explorait le passé, son passé, il exorcisait ses douleurs, lui qui avait retrouvé la joie de vivre sur sa terre natale après avoir quitté celle-ci pour aller faire des études dans l’Hexagone, une expérience qui n’a pas été sans peine…
Un passionné de basket-ball
Steeve Vérin a également participé à quelques expositions collectives: Numeris Clausus, Artistes guadeloupéens au temps du confinement, 2021, à la Fondation Clément au François, Martinique; Black Market (expo: “Méningite”), juin-juillet 2022, Arawak Beach Resort, Le Gosier Guadeloupe; Pool Art Fair, juin 2023, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, pour laquelle il a été le lauréat de la bourse de la ville des Abymes; Festival d’art contemporain caribéen de Brooklyn, septembre 2023, New York, États-Unis etc…
D’octobre à décembre 2021, Steeve Vérin a effectué une résidence artistique à la Cité internationale des Arts à Paris. En juillet 2022, l’artiste faisait partie des 18 lauréats qui avaient été sélectionnés pour participer à la première résidence d’artistes organisée par l’auberge de jeunesse, le Green Hostel, située à Pointe-à-Pitre.
Steeve Vérin n’était pas seulement un passionné d’art, il était aussi un passionné de basket ball, un sport qu’il a pratiqué dès son jeune âge à l’école de basket ball de la MJCA avant de devenir assistant dans cette même école pendant deux ans…
Kariculture adresse ses condoléances attristées à toute sa famille.
