Initié par les associations ADACDCOM et POEM-ARC, le Festival Bleu Outremer revient au mois d’octobre. Plusieurs temps forts sont au programme de la 3e édition de ce festival comme une exposition d’oeuvres d’art, des débats, ateliers, master classes, concerts. Cette année, les rendez-vous du FBOM se dérouleront à Pointe-à-Pitre, Baie-Mahault et aux Abymes.
L’objectif de ce festival est de proposer un “voyage au coeur des cultures créoles” en tissant des passerelles entre les genres, les plasticiens, musiciens, chanteurs, slameurs, danseurs, performeurs, chercheurs etc.
Le thème du festival est “Les artistes pansent” ; ces derniers tenteront de dire ce qu’ils pensent des maux dont souffre la société guadeloupéenne (manque d’eau, sargasses etc.) et d’y apporter leurs solutions…
La marraine de cette 3e édition de Festival Bleu Outremer sera la chanteuse guadeloupéenne Winny Kaona qui, avec son Association pour le Développement de la Musique Traditionnelle (ADMT), a initié tout au long de cette année 2018 une série d’événements dans le cadre de la commémoration du centenaire de la naissance de la célèbre artiste aux multiples talents, Moune de Rivel (1918-2014).
Les arts plastiques se montrent
Comme l’an dernier, le Festival Bleu Outremer débutera par une grande exposition d’oeuvres d’arts reprenant le thème général “Les artistes pansent” qui aura lieu du 5 au 31 octobre à la Bibliothèque Paul Mado dans la commune de Baie-Mahault. Seront présents plusieurs artistes, dont certains faisaient déjà partie de l’exposition “Cartographie de la Jeune Création en Guadeloupe” qui s’est tenue au Pavillon de la Ville de Pointe-à-Pitre en octobre 2017, à savoir Ronald Cyrille, Denis Ninine, Samuel Gélas, Béliza Troupé, Samuel Mazaniello, Atadja Lewa, Jérôme Jean-Charles, Minia Biabiany, Dawud Cérito “Kamun”, Anaïs Cheleux, Cédric Isham Calvados, Anaïs Verspan, Nèfta Poetry, Laurence Roussas etc. Le soir du vernissage, la troupe de danse de la chorégraphe Maryvonne Erdan, composée de personnes handicapées, devrait présenter une performance intitulée “L’Autre Émoi”. Les écoliers auront l’opportunité de visiter cette exposition et de poser des questions aux artistes…
Par ailleurs, des rencontres professionnelles et journées d’études sont également prévues, notamment autour des cultures créoles, les 13, 23 et 30 octobre…
Des artistes ultramarins sur scène
Cette année, le Mémorial ACTe est pleinement associé à la partie spectacles-concerts de l’événement. À cet effet, du 24 au 30 octobre, le Festival Bleu Outremer deviendra le Festival Bleu Outremer–Mémorial ACTe.
De nombreux artistes devraient se produire dans la Salle des Congrès et des Arts Vivants du MACTe: le poète et conteur Joby Bernabé (Martinique) ; le slameur Thierry Mapoula alias “Silansyeux” (Martinique) ; les chanteurs Luc et Vaiteani (Tahiti) ; le chanteur Érik Pédurand (Guadeloupe) qui avait pourtant annoncé aux médias son retrait de la musique, il y a quelque temps, et le pianiste Mario Canonge (Martinique) ; le slameur, poète et performeur Paul Wamo (Nouvelle Calédonie) qui était déjà là, l’an dernier ; le flûtiste Yann Cléry (Guyane française) ; la chanteuse de biguine Winny Kaona (Guadeloupe).
À noter que le dimanche 28 octobre, “Journée Internationale du Créole”, le Mémorial ACTe recevra également plusieurs chorégraphes pour trois ateliers d’initiation à la danse destinés à tous les amoureux de cette discipline artistique, quel que soit leur niveau. En effet, de 10h00 à 12h00, Virginie Bewitch (Guadeloupe) sera sur scène pour une initiation aux danses caribéennes ; de 14h00 à 16h00, Natty Montella (Guadeloupe) dispensera ses connaissances de la danse moderne jazz ; de 16h00 à 18h00, le rendez-vous populaire “Kalakaswé” sera animé par Karen Jean-Louis, Daniel Losio et Jean-Philippe Demain (Guadeloupe).
Populariser et rentabiliser les arts
Il est dommage, cependant, que le Festival Bleu Outremer qui est censé réunir toutes les couches de nos sociétés ultramarines (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, La Réunion, Mayotte, Nouvelle Calédonie, Wallis et Futuna…) – autrement dit “démocratiser la culture” – ait une réputation plutôt “élitiste” auprès de certaines personnes malgré les chiffres annoncés par les organisateurs.
Il est vrai que la lecture du dossier de présentation du festival, avec ses mots compliqués, n’est pas à la portée de tout le monde. “Un festival s’enracine toujours dans un territoire qui l’identifie”, peut-on y lire, encore faudrait-il que TOUS les enfants du pays comprennent le message délivré…
On est tout de même assez étonné qu’un plus grand nombre d’artistes issus de plusieurs disciplines et en provenance d’autres territoires ultramarins français ne participent à ce Festival Bleu Outremer ; seul le volet musical devrait recevoir six artistes venus d’ailleurs.
On peut aussi s’interroger sur les retombées économiques de ce nouveau festival car l’ère des festivals qui étaient créés en Guadeloupe juste pour se faire plaisir doit être révolue. Aujourd’hui, un festival doit absolument rapporter des devises dans un territoire comme c’est le cas dans la très grande majorité des îles de la Caraïbe en attirant des touristes qui y séjournent déjà, en attirant des visiteurs de l’étranger et pas seulement en se contentant d’attirer les habitants de l’archipel et de “recycler” leur argent qui s’ajoute aux subventions publiques pour ensuite applaudir bien fort et affirmer que le festival a été “une grande réussite”…