Depuis 2015, le Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) propose une fois par mois une initiation à la danse gwoka dénommée “Kalakaswé” et animée par un chorégraphe. La musique gwoka est jouée par des “tanbouyé” dont Fanswa Ladrézeau.
“Kalakaswé” est né, il y a trois ans, d’une rencontre entre Cynthia Phibel, la responsable de la programmation artistique et culturelle du Mémorial ACTe et Fanswa Ladrézeau, le joueur de ka. “Je l’avais rencontré le 10 mai, lors de l’inauguration du Mémorial ACTe. Sachant que j’allais bientôt prendre mes fonctions, je prenais l’avis de tout le monde. On a parlé de projets et il m’a dit qu’à l’époque, il apprenait aux gens à danser le gwoka sur la Place de la Victoire, et qu’en contre-partie, ces derniers donnaient la somme qu’ils voulaient… On a pensé continuer cette activité au Mémorial ACTe mais en respectant certaines règles, en ne se substituant pas à une salle de danse, par exemple… J’ai donc proposé cette idée en Commission comme une continuité de cette “expérience à 360°” que les visiteurs viennent vivre au Mémorial ACTe”, explique Cynthia Phibel. En outre, il y avait une relation entre “L’île aux Tambours” présenté dans l’exposition permanente du Musée et ce projet de danse autour du tambour-ka guadeloupéen. Cependant, il a fallu trouver comment faire durer ce projet dans le temps. Plusieurs réunions de travail se sont donc tenues notamment en présence du musicien François Ladrézeau qui est d’ailleurs associé à la création de ce programme. “Nous avons choisi de ne pas avoir une seule personne référente mais plusieurs pour que ce soit, à chaque fois, une expérience renouvelée. Chaque danseur, chaque chorégraphe qui vient faire vivre les sept rythmes du gwoka a sa propre écriture artistique ce qui donne un “paysage” très beau, une grande diversité (…)”, poursuit la responsable de la programmation artistique et culturelle du Mémorial ACTe.
Plusieurs chorégraphes pour différentes expressions artistiques
Quant à savoir qui a trouvé le nom du programme – “Kalakaswé” (traduction française: “Le ka transpire”) – on ne sait pas exactement, c’est une invention collective. “C’est quelque chose de mystique, de profond quand le ka est en train de transpirer et cela remonte à très loin, à l’Égypte antique”, déclare Franswa Ladrézeau, le célèbre joueur de ka.
En mars 2015, les danseuses du groupe carnavalesque “Mas Ka Klé” ont lancé la première édition du “Kalakaswé” qui est maintenant organisé le dernier dimanche du mois de 16h00 à 18h00 avec une contribution financière de 5,00 euros par participant. Tout le monde (à partir de 3 ans) est invité à venir faire la connaissance des talents guadeloupéens en matière de danse traditionnelle, plus spécifiquement dans le gwoka, et à découvrir leurs expressions artistiques. “En participant à “Kalakaswé”, le public vient vivre une expérience d’initiation à la danse. C’est une rencontre avec un artiste et une rencontre avec soi-même”, poursuit Cynthia Phibel. Depuis sa création, “Kalakaswé” a déjà reçu une vingtaine de danseurs diplômés ou danseurs ancrés dans le milieu culturel local. Outre les danseuses de “Mas Ka Klé”, il y a eu : Jenny Paulin, Max Diakok, Michaël Larifla, Jacqueline Cachemire-Thôle, Stella Moutou, Natty Montella, Rony Théophile, Nadia Pater, Sandra Machire, Raymonde Thorin, José Bertogal, Maryvonne Erdan-Nicolas, les duos Axel Jacobin & Lydie Fesin et Mario Coco & le conteur Benzo. “Au départ, nous ne savions pas très bien ce que cette association entre un chorégraphe, un conteur et les joueurs de gwoka allait donner mais chacun a apporté sa contribution et tout s’est bien passé… Nous avons eu 158 participants, c’était la première fois”, ajoute Cynthia Phibel.
Le danseur Matthieu Plantier à l’oeuvre
Le dimanche 15 avril dernier, Matthieu Plantier, le directeur artistique et président de l’association “Majestika”, était chargé d’animer cette initiation à la danse pour la seconde fois sur le thème des “Gestes sacrés”. Près d’une centaine de personnes était présente sur la “Terrasse Événementielle” du Mémorial ACTe cet après-midi-lá. Même si les femmes étaient majoritaires, les hommes et les enfants n’ont pas démérité… Pendant 2 heures, les différents rythmes du gwoka ont été visités et Matthieu Plantier, avec beaucoup d’humour, a su mettre à l’aise toutes les personnes qui avaient quelques lacunes. Résultat: tout le monde s’est exprimé librement par la danse, tout le monde a transpiré dans la bonne humeur, selon son niveau et surtout sans avoir peur d’être jugé. On a également pu noter une parfaite complicité entre le danseur et les deux “tanbouyé” ou “joueurs de tambour” à savoir Fanswa Ladrézeau et Daniel Savonnier dit “Tirèn”. Cette belle rencontre autour du gwoka (chant-musique et danse) s’est terminée par des applaudissements…
Exceptionnellement, “Kalakaswé” dans le cadre du cycle “Rythmes et Sacré”, recevra 2 chorégraphes en avril et en mai. Après Matthieu Plantier, ce sera Léna Blou qui officiera le dimanche 29 avril prochain; le dimanche 27 mai prochain, date de la commémoration de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe, l’entrée sera gratuite pour tous.