Le 14 septembre prochain, Kariculture.net fêtera ses 3 années d’existence. Le 14 septembre 2016, en lançant ce magazine culturel dédié à la culture et au patrimoine des îles de la Caraïbe après trois années de préparation (stages en langues étrangères, informatique etc.) et plusieurs voyages dans la Caraïbe, je n’aurais jamais pensé que mon unique soutien viendrait d’un homme politique de la France hexagonale. Son nom : Emmanuel Macron.
En effet, le 30 mai 2018, j’ai adressé un courrier au Président de la République afin de lui faire part de mon choix de rester dans mon île, la Guadeloupe, pour créer un nouvel organe de presse et des grandes difficultés que je rencontrais pour mener à bien mon projet.
Dans son courrier du 30 octobre 2018, Emmanuel Macron s’est excusé de sa “réponse tardive due aux nombreux courriers parvenant à la Présidence de la République” et il m’a adressé “tous ses encouragements” dans la poursuite de mon “projet au service de l’échange culturel entre les îles caribéennes”.
Par ailleurs, le Chef de l’État m’a informé qu’il transmettait mon courrier à Franck Riester, son Ministre de la Culture récemment nommé, “afin qu’il procède à un examen diligent de mon dossier”. Le Ministère de la Culture m’a effectivement contactée et j’ai pu établir un dossier pour obtenir une “Bourse d’Émergence” (Fonds de Soutien à l’Émergence et à l’Innovation dans la Presse).
L’intervention du Président de la République ne signifie pas que j’obtiendrai automatiquement cette aide financière. Seule la Commission étudiant les dossiers de chaque média décidera, dans les prochaines semaines, si Kariculture.net peut bénéficier de cette subvention.
Pour ma part, je retiens que lorsque j’étais totalement découragée, il y a un seul homme politique qui m’a dit de ne pas abandonner mon projet. Il s’agit d’Emmanuel Macron.
Au cours de ces trois dernières années, j’ai écrit plusieurs fois aux deux collectivités locales majeures que sont le Conseil Régional de la Guadeloupe et le Conseil Départemental de la Guadeloupe ainsi qu’à toutes les communautés d’agglomération afin de leur présenter Kariculture.net, ce nouveau magazine à vocation caribéenne sur internet et trilingue (français, anglais et espagnol) qui est déclaré puisqu’il possède son Certificat d’inscription sur les registres de la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse (CPPAP). Je n’ai reçu aucune réponse de ces différentes collectivités locales. Kariculture.net n’a même jamais été invité à une simple conférence de presse relative à un de leurs événements culturels ou obtenu un contrat publicitaire de leur part…
Bref, je n’ai eu aucun soutien de nos responsables politiques guadeloupéens qui se disent des Caribéens convaincus.
Et pourtant, quand on entend ces décideurs politiques guadeloupéens parler de coopération avec les îles de la Caraïbe, on aurait juré qu’ils sont très intéressés par le sujet…
Et pourtant, la Guadeloupe fait partie de l’Association des États de la Caraïbe et, en mars dernier, elle a adhéré à l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECO)…
Et pourtant, comme tous les deux ans, en août dernier la Guadeloupe a participé au Festival des Arts de la Caraïbe (CARIFESTA XIV) à Trinidad & Tobago…
Et pourtant, ici nous parlons de plus en plus de notre “caribéanité”. En fait, nous constatons que beaucoup de gens sont subitement “enceintes gros ventre” pour la Caraïbe, selon une expression créole…
Après des mois d’attente en 2015 sous l’ancienne équipe régionale pour une subvention qui n’est jamais arrivée et de multiples péripéties sous l’actuelle équipe régionale, en juin 2018, j’ai pu établir une demande d’aide financière d’un montant de près de 12 000 euros auprès Conseil Régional de la Guadeloupe, en charge du développement économique du territoire. En janvier 2019, j’ai reçu une notification datée du 9 novembre 2018 disant que j’avais sollicité une aide financière de 7 000 euros et 6 000 euros avaient été accordés à mon entreprise. J’ai demandé pourquoi le montant de la subvention avait été revu à la baisse, je n’ai eu aucune explication. J’ai sollicité un réexamen de mon dossier de demande de subvention, je n’ai eu aucune réponse. D’ailleurs, le Conseil Régional de la Guadeloupe qui avait également pris d’autres engagements concernant mon entreprise n’en a respecté aucun.
Depuis bientôt 1 année (plus de 10 mois, très exactement), j’attends cette somme d’argent qui n’a jamais été versée. J’ai déjà informé cette collectivité locale de cette situation inextricable – qui a des conséquences très graves, notamment judiciaires, pour mon entreprise et moi – par tous les moyens (mails, lettres, appels téléphoniques etc.), mais sans succès.
En août dernier, le Président du Conseil Régional de la Guadeloupe en personne avait annoncé une réunion avec lui, elle ne s’est jamais tenue…
Par ailleurs, si presque toute la presse de l’île bénéficie d’une convention (qui leur rapporte de l’argent) signée avec certaines collectivités locales, ce n’est pas le cas de Kariculture.net. Ce type de “contrat” a ses bons et mauvais côtés. En effet, la convention peut soutenir financièrement les “petits” médias privés qui ne perçoivent pas les millions de l’État ou les millions du marché publicitaire locale. Cependant, force est de constater que les collectivités privilégient les relations de “copinage” avec les “petits” médias et la forte audience des “grands” médias (qui n’ont pas vraiment besoin de cet argent) pour signer ces conventions.
Évidemment, la convention nous amène à nous interroger sur le sens réel de la liberté de la presse en Guadeloupe quand on comprend que souvent ces médias “conventionnés” se précipitent pour rapporter les propos d’un responsable politique non pas à cause de son intérêt mais parce qu’ils perçoivent une somme d’argent public…
En outre, Kariculture.net n’est pas un “grand” média qui peut régulièrement agiter le spectre du licenciement de dizaines de collaborateurs dans le but d’obtenir rapidement des subventions…
Les questions sont posées : qui veut tuer par asphyxie Kariculture.net et pourquoi? Est-ce parce que je suis une femme et j’ai décidé de passer du côté des patrons de presse? Pourquoi devons-nous toujours attendre que des gens venus d’ailleurs viennent faire à notre place ce que nous savons faire?
À 14 ans, j’ai décidé que je serai journaliste, à cette époque la profession n’était pas très “féminisée” comme aujourd’hui. Je n’ai pas trouvé mon diplôme et mes certificats de stage dans une boîte de lessive Bonux. Je n’ai fait aucune “gâterie” (faveurs sexuelles) à des patrons de presse ou à des responsables de rédaction afin d’obtenir leur “bénédiction” pour exercer en tant que journaliste ici en Guadeloupe. J’ai appris ce métier dans une école de journalisme et aux côtés de journalistes confirmés à Paris.
Si Kariculture.net doit disparaître du paysage médiatique guadeloupéen, ce sera dans la dignité. Après 3 années d’existence et avec très peu de moyens, ce magazine qui peut être lu dans le monde entier a contribué à la promotion de nombreux artistes de la région Caraïbe et singulièrement de la Guadeloupe (souvent située au Mexique!) et à celle de nombreux événements culturels comme le carnaval…
Cette semaine, une mission ministérielle envoyée par le Ministère de la Culture et le Ministère de l’Outre-Mer à Paris doit arriver en Guadeloupe afin de se pencher sur la situation financière de la presse locale et des aides accordées à ce secteur. En plus de la dimension économique du problème, je crois que cette mission devrait également tenir compte de la mentalité du “Fann’ Tchou” (traduction littérale : fendre le cul) ou de destruction des Guadeloupéens qui entreprennent chez eux, un véritable cancer dans ce pays…