Ce samedi 7 décembre 2019, Marcel Lollia surnommé “Vélo” aurait eu 88 ans s’il n’avait pas quitté ce monde le 5 juin 1984. Le Kolèktif Pawòl a Vélo, composé entre autres de l’association “Nou a Yo” présidée par Servais Vilovar, a célébré cet anniversaire en présence de plusieurs personnalités culturelles et du fils du célèbre “tanbouyé”.
La cérémonie a commencé par la visite de la tombe du Marcel Lollia au cimetière de Pointe-à-Pitre, ce samedi matin à 11h00. L’après-midi, le Kolèktif Pawòl a Vélo qui comprend l’association “Nou a Yo” et diverses personnes qui connaissaient personnellement le célèbre tanbouyé ou qui aiment le gwoka, s’est retrouvé à la rue piétonne de la ville. Tous les samedis, des joueurs de ka du groupe Akiyo ou anonymes s’y rassemblent afin de faire résonner cette musique traditionnelle guadeloupéenne.
À 14h30, Patrick Nérini (délégué général de Nou a Yo) est arrivé avec une gerbe de fleurs qu’il a déposé devant les musiciens, chanteurs et danseurs, les tambours ka ont continué à s’exprimer de plus belle pour le bonheur total des spectateurs toujours fidèles à ce rendez-vous musical du samedi alors que les magasins de la ville commencent à baisser leurs volets roulants.
Vers 15h30, un personnage que beaucoup ne connaissent pas mais qui a joué un rôle essentiel aux côtés Marcel Lollia dit “Vélo” est entré en scène.
Le retour de Christian Mathurin dit “Takadoum”
Il s’agit de Christian Mathurin dit “Takadoum”. Ce Guadeloupéen qui vit depuis seize années en Angleterre, a offert à “Vélo” son premier tambour-ka, le Kolèktif Pawòl a Vélo a donc trouvé essentielle sa présence à cette cérémonie et a payé son billet d’avion. “Takadoum” a porté en dansant la gerbe jusqu’à la statue de “Vélo”. Quelques minutes plus tard, cet hommage s’est poursuivi sur la Place de la Victoire, non loin du kiosque. Outre Christian Mathurin qui a parlé, entre autres, du talent et de l’humilité de son ami “Vélo”, étaient présentes plusieurs personnalités qui ont elles aussi connu Marcel Lollia comme le musicien Gilbert Coco, l’animateur, comédien, musicien et membre-fondateur d’Akiyo Ray H, la danseuse de gwoka Nicole Valton ou encore Viviane Dagonia. Cette femme souriante et énergique est la personne qui a organisé en juin 1984 la veillée funèbre de “Vélo” sur cette même place de Pointe-à-Pitre, elle a déclaré qu’elle aimerait que les lieux publics où le gwoka s’exprime soient nombreux afin que la culture s’ouvre au plus grand nombre.
Nul doute que le public a vécu un moment historique en voyant rassemblées à cette grande occasion ceux qui ont vécu avec le célèbre musicien et qui ont connu ses peines et ses joies…
Patrick Lollia, le fils de Marcel Lollia
Cependant, le clou de la manifestation a été la présentation au public de Patrick Lollia. Jusqu’à maintenant nous avions vu des tas de “tanbouyé” se déclarant “fils spirituels” de “Vélo”. Ce samedi 7 décembre 2019, à 17 heures, les personnes présentes ont fait la connaissance du vrai fils du célèbre musicien qui a vu le jour en février 1966 et qui sait aussi jouer du ka. Il a avoué n’avoir pas beaucoup de souvenirs de son célèbre géniteur en tant que musicien mais il a dit que son père n’était pas un clochard seul au monde et qu’il avait une famille…“une famille discrète qui sait que “Vélo” appartient maintenant à la Guadeloupe”, a-t-il dit.
L’assistance a su que le surnom de “Vélo” avait été inspiré par Vernance, le prénom du père de Marcel Lollia et que cela n’avait rien à voir avec le fait qu’il aurait, un jour, volé un vélo à un commerçant d’origine syro-libanaise…
À ceux qui ont parlé des problèmes politiques de la Guadeloupe, Patrick Lollia a précisé que son père ne faisait pas de politique…
Un message qui date de 56 ans
Après ces courtes prises de parole, à 17h15, une plaque a été fixée au kiosque; elle porte le message suivant: “…1963… Théâtre des Champs-Élysées, des journalistes stupéfaits interrogent Vélo sur l’origine du Gwoka, celui-ci leur répond : “An pa sav… Avè lesklavaj nou sibi on lo, mé avè Gwoka-la, nou péké sibi ankò“. Mawsèl Lollia. Propos recueillis par AwmistiS auprès de Jean Chomereau-Lamotte”. La traduction française littérale de cette déclaration en créole: “Je ne sais pas… Avec l’esclavage, nous avons beaucoup subi mais avec le Gwoka, nous ne subirons plus”.
De son côté, Patrick Nérini a rappelé certains grands faits historiques de cette période du 20e siècle notamment le discours du pasteur américain, Martin Luther King, “I have a dream” (J’ai un rêve) pour tenter d’expliquer dans quel contexte le musicien guadeloupéen a prononcé cette phrase.
La cérémonie pour célébrer les 88 ans de Marcel Lollia surnommé “Vélo” s’est achevée devant le kiosque au son du ka.