Le 25 février dernier, l’association “Nou a Yo” avait invité le public sur la Place de la Victoire à Pointe-à-Pitre pour un hommage à deux personnalités de la culture guadeloupéenne : Aimée Adeline plus connue sous le nom de Man Adeline et Marcel Mavounzy. À part Philippe Blaze et son groupe, aucun des participants n’était présent…
Rappelons qu’Aimée Adeline est considérée comme celle qui a relancé le carnaval en 1949 lequel avait presque disparu durant la Seconde Guerre Mondiale notamment à cause du représentant du Gouvernement de Vichy en Guadeloupe, le Gouverneur Constant Sorin. Avec sa troupe “La Brisquante”, Man Adeline a fait voyager le gwoka dans plusieurs pays… Quant à Marcel Mavounzy, en 1953 il est devenu le premier producteur de musique guadeloupéen et, en 1963, parce qu’il avait osé réaliser un disque de gwoka, il avait été inquiété par les autorités…
En cela, ils sont bel et bien deux piliers de la culture guadeloupéenne.
Sur l’affiche envoyée par mail laquelle avait été également exposée sous le kiosque de la Place de la Victoire pendant plusieurs jours pour annoncer la manifestation, figuraient certains noms du domaine artistique qui devaient participer à cet hommage : Philippe Laurent (un plasticien qui devait exécuter une fresque autour de la plaque apposée en l’honneur du tanbouyé Marcel Lollia “Vélo” ), Philippe Blaze et son groupe “Jodla” ; “La Brisquante” (la troupe de danse formée par Madame Adeline) et Rony Théophile ; le nom de Marcel Mavounzy n’y était pas inscrit…
Tout semblait fin prêt pour que cet événement soit une réussite comme l’avait été “Cimémoriel” (voir notre article du 5 novembre 2018) ou encore l’anniversaire de Marcel Lollia en présence de son fils Patrick Lollia (voir notre article du 11 décembre 2019).
Des participants fantômes
Mais cet hommage à Aimée Adeline et Marcel Mavounzy a connu un échec cuisant pour l’organisation : l’association “Nou a Yo” et son délégué général Patrick Nirini.
Si le fils et la petite-fille d’Aimée Adeline avaient répondu à l’invitation, si Philippe Blaze et son groupe “Jodla” ont offert de la très bonne musique, si quelques personnes avaient fait le déplacement malgré le ciel couvert, Philippe Laurent, Rony Théophile, les membres de La Brisquante ainsi que ceux de la famille Mavounzy brillaient par leur absence…
Après avoir attendu, en vain, leur arrivée, Patrick Nérini a dû annuler la manifestation.
Après cet échec, plusieurs questions méritent d’être posées : les personnes annoncées sur l’affiche avaient-elles donné leur consentement pour participer à cet hommage? Organiser cet événement culturel un “Mardi Gras” était-ce une bonne idée sachant que ce jour-là des milliers de Guadeloupéens se rendent à Basse-Terre pour la grande parade, d’autres la regardent à la télévision, d’autres encore se préparent à défiler avec les “groupes à peau” dans la soirée à Pointe-à-Pitre? Patrick Nérini s’est-il montré trop “prétentieux” en voulant lutter contre le carnaval qui est une “institution” dans l’archipel guadeloupéen? Ou y a-t-il d’autres raisons “cachées” qui expliqueraient cet échec?
Le groupe WhatsApp “Plas La Viktwa”
Ces questions ont été posées à Patrick Nérini qui pense n’avoir commis aucune faute dans l’organisation. “Toutes ces personnes font partie du groupe WhatsApp “Plas La Viktwa”, je ne sais pas pourquoi elles ne sont pas venues cet après-midi”, a-t-il dit. Sachant qu’internet évite les face-à-face et donne une certaine liberté d’action, on peut se demander comment ces personnes sont-elles devenues membres de ce groupe WhatsApp “Plas La Viktwa”? Ont-elles été intégrées sans leur accord et mises devant le fait accompli?
À ces questions, Patrick Nérini a répondu : “toutes ces personnes étaient au courant de l’hommage de cet après-midi, ce ne sont pas des enfants, d’ailleurs j’étais au téléphone avec les Mavounzy ce matin (…)”.
Afin de nous certifier la bonne préparation de cet hommage, ce dernier nous a même transmis un courrier du maire de Pointe-à-Pitre, Josiane Gatibelza, concernant la mise à disposition du kiosque pour la création de cette fresque et la pose d’une plaque solaire pour l’éclairage de celle-ci ainsi qu’une copie du contrat d’assurance couvrant la responsabilité civile de l’organisateur en cas de dommages lors de l’événement.
Des piliers fragiles ?
Alors, existe-t-il des “mains obscures” qui ont voulu arrêter Patrick Nérini qui, ces dernières années, a organisé plusieurs événements culturels? À cette question, l’intéressé répond : “si c’est cela, on ne fait que renforcer ma détermination”.
Pour sa part, même si elle était déçue, la petite-fille de Madame Adeline s’est montrée très confiante et a émis le souhait de rendre hommage à son illustre grand-mère un autre jour et en sollicitant les fonds publics, si nécessaire…
Le public, bien que maigre par rapport à ce que représentent Aimée Adeline et Marcel Mavounzy dans la culture guadeloupéenne, a été également très déçu. Certains touristes ont même lâché : “Ah bon, des piliers de la culture et aucun participant pour leur rendre hommage?!!”.
Une chose est sûre : ce mardi 25 février, la culture guadeloupéenne n’a pas brillé…