Du 20 décembre 2019 au 6 janvier 2020, le public est invité à se rendre au Fort Fleur d’Épée au Gosier pour voir l’exposition “Connivence 2” organisée par Lucien et Olivier Léogane.
Depuis l’ouverture de l’exposition “Connivence 2”, touristes et locaux défilent dans cet ancien fort. Il faut croire que tous veulent voir comment les deux artistes plasticiens ont traduit avec leurs pinceaux ce mot. Certains achètent les oeuvres.
“Le terme “connivence” est plus fort que “complicité”, nous l’avions trouvé plus approprié. Il y a dix ans, lorsque nous avions présenté l’exposition “Connivence 1″ au Centre culturel Rémi Nainsouta, chacun avait emmené sa production. En 2019, nous avons eu une discussion, un point de départ”, explique Lucien Léogane.
Cet échange entre le père et le fils a d’abord porté sur le thème à traiter c’est-à-dire les quatre éléments que sont l’air, le feu, l’eau et la terre. Puis les deux plasticiens ont discuté de l’utilisation du fameux papier inventé et fabriqué, il y a une vingtaine d’années, par Lucien Léogane et un autre plasticien guadeloupéen Klodi Cancelier avec l’aide d’une Coréenne. “Nous avons décidé que ce papier qui est une production locale servirait de support à nos oeuvres alors une amie qui se rendait au Canada l’a apporté à Olivier pour qu’il puisse travailler”, raconte le plasticien qui a découvert la peinture à l’âge de 17 ans. Ce papier est devenu pour Lucien “Papyrus” et pour Olivier, “Papyragaï”, en rapprochement avec son art “Horagaï”.
Peindre sur du papier local
“Horagaï est le nom d’un coquillage utilisé par les Samouraï au Japon pour transmettre des messages comme la conque de lambi en Guadeloupe. Pour l’exposition “Connivence 1” en 2009, le premier tableau que j’avais peint a été ce gros coquillage, “La libération de l’Horagaï”. Tous mes autres tableaux ont été liés à l’Horagaï, à cette idée d’ouverture. Je voudrais que mon art aille résonner avec les gens, les Guadeloupéens notamment”, explique Olivier Léogane qui est un peintre autodidacte ayant découvert cette discipline artistique par le biais du street art : “j’avais 14 ans, mon nom d’artiste était “Clyde” et je faisais partie du “crew” qui s’appelait “Artistes en Mouvement”, se souvient-il.
La discussion entre le père et le fils a également concerné la peinture utilisée, la mise en valeur de ces oeuvres peintes sur ce papier local, le format des encadrements… Si le fils a opté pour l’acrylique, le père a choisi la peinture à huile. “En 2012, lors de notre dernière exposition ensemble, Klodi Cancelier et moi avions laissé neutre ce papier, cette fois-ci il a été peint. Il a fallu mettre en place une autre façon de peindre comme passer tout d’abord une première couche de peinture très diluée, ensuite passer autant de couches voulues”, explique Lucien Léogane.
Une collection papyrus-papyragaï
Par ailleurs, afin de mettre en valeur les créations papyrus et papyragaï, les deux artistes ont choisi un fond souvent de couleur noire “pour faire ressortir les effets de la matière et les couleurs”, dit le père. Ce dernier a préféré un fond fait à base de feuilles de bananiers séchées par exemple, son fils a voulu un fond sans relief. Les deux plasticiens ont aussi décidé de ne pas poser une vitre sur ces oeuvres afin de laisser “respirer” le papier à l’air libre.
Résultat: c’est une véritable collection de 24 pièces (12 peintes par Lucien, 12 peintes par Olivier), de format 50cm x 50cm, qui a été créée par les deux artistes dans “Connivence 2”. “Pour “Connivence 1″, j’avais proposé 14 oeuvres de style plutôt figuratif. Aujourd’hui, j’ai toujours un message à transmettre mais j’ai choisi comme mon père le style abstrait”, dit Olivier, “nous avons une prédilection pour l’abstrait avec sa part de visible et de non visible et sa part d’imagination”, dit Lucien.
Outre cette “collection papyrus-papyragaï”, l’exposition se compose entre autres de 3 oeuvres appelées “Farandole 1, 2 et 3”, 3 oeuvres nommées “Boussole de l’Esprit”, “Boussole du Coeur” et “Boussole de Vie” réalisées par Olivier Léogane, 2 oeuvres dénommées “Papyrus Connivence 1” et “Papyrus Connivence 2” réalisées ensemble ou encore 2 grandes toiles peintes par Lucien Léogane : “Blue Dream” et “Amorce”.
Un fils à l’esprit vif
Si Lucien Léogane a travaillé exclusivement dans le domaine artistique en étant professeur d’arts plastiques dans les lycées, au Centre d’Arts Plastiques au Lamentin, au Centre des Métiers d’Arts à Pointe-à-Pitre, son fils Olivier (39 ans) qui possède un doctorat de chimie travaille à l’Université de Montréal depuis 7 ans. Il a d’abord été pendant six ans conseiller en gestion du risque chimique et, depuis un an, il est coordonateur à la prévention d’incendie. En 2015, il a créé son entreprise, “Création Horagaï”, qui travaille sur trois axes : les expositions de l’artiste; les ateliers d’art et de science ainsi que les conférences; les événements. En 2017, le directeur du “Festival Une Pinte de Science” lui a proposé de prendre les rênes du Festival Réactions Créatives, une manifestation où l’art est destinée à la vulgarisation de la science. Olivier Léogane qui a déjà vendu 3 de ses oeuvres en Chine et qui collabore avec une galerie en Suède affirme avoir “une relation très saine” avec son art : “je peins par pur plaisir”, ajoute-t-il. Il est aussi très content de ce bel accueil que leur a fait le public en Guadeloupe, dix années après le premier volet de l’exposition “Connivence”. Quant à son père, Lucien Léogane, il déclare: “organiser cette exposition avec Olivier est une joie immense. Nous sommes en connexion. Il fait des choses qui me servent, il a un esprit très vif”.
Un troisième volet de “Connivence” est sûrement à prévoir…