Le 13 juin dernier, la réalisatrice et scénariste martiniquaise, Euzhan Palcy, a reçu des mains de Jean-Paul Salomé au nom du président du conseil d’administration de la SACD, Jean-Xavier de Lestrade, la médaille d’honneur dela Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques. Par cette distinction, l’organisation a voulusaluer le talent et l’ensemble de l’oeuvre de celle qui est le première femme réalisatrice et première artiste noire à avoir reçu un César. La cérémonie s’est déroulée à Paris en présence notamment de Pascal Rogard, directeur général de la SACD et président de la Coalition française pour la diversité culturelle et Patrick Raude, secrétaire général de la SACD.
Euzhan Palcy est née en Martinique en 1958. À l’âge de 14 ans, elle se découvre une passion pour le 7e art en lisant le roman de Joseph Zobel, “La Rue Cases-Nègres”, et elle fait la promesse de devenir cinéaste pour mettre en images cette histoire. La petite fille tiendra parole puisqu’en 1975, elle part en France hexagonale afin d’étudier le cinéma à la célèbre École Louis Lumière en région parisienne. Six années plus tard, elle obtient les fonds nécessaires de la part du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) pour tourner “Rue Cases-Nègres” à Fort-de-France avec le jeune Garry Cadenat, Darling Légitimus et Joby Bernabé. Le film sort en salle en 1983 et connaît un succès retentissant. En effet, l’année suivante, l’Académie des arts et techniques du cinéma lui décerne la fameuse statuette en bronze du prix César qui récompense l’excellence des productions cinématographiques françaises. Euzhan Palcy a 25 ans. Puis, les récompenses internationales (une vingtaine) s’enchaîneront.
En 1989, cette pionnière du cinéma quitte sa Martinique natale et la France hexagonale pour les États-Unis pour réaliser un film sur l’Apartheid en Afrique du Sud – “Une Saison Blanche et Sèche” – avec, entre autres, Donald Sutherland et Marlon Brando. Euzhan Palcy devient alors la première femme à diriger la star hollywoodienne et la première femme noire à être produite par une major d’Hollywood. Le film est un succès et, en 1990, la Martiniquaise est nominée aux Oscars. En 1992, elle réalise “Siméon”, un film musical fantastique avec notamment la jeune Lucinda Messager, Jean-Claude Duverger et quelques membres de Kassav’, Jacob Desvarieux et Jocelyne Béroard. Parmi ses autres productions, il y aussi le documentaire “Parcours de dissidents”, réalisée en 2010 ; il s’agit de l’aventure périlleuse et méconnue ou oubliée des jeunes Martiniquais et Guadeloupéens partis se battre pour la “Mère Patrie”, la France, pendant la Seconde Guerre Mondiale.