À l’occasion du 174e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe célébrée ce vendredi 27 mai, Kariculture vous emmène visiter le Fort Louis Delgrès, situé dans le quartier historique du Carmel à Basse-Terre, capitale administrative de la Guadeloupe.
D’abord maison fortifiée construite en 1650 par Charles Houël du Petit Pré (1616-1682) – gouverneur de la Guadeloupe de 1643 à 1664 puis propriétaire de l’île en 1648 – au fil des années ont été ajoutés des chicanes, des bastions et des remparts. Ce lieu est ainsi devenu un fort militaire. Abandonné par l’Armée en 1965, le fort dénommé Saint-Charles à l’époque est squatté notamment par des administrations, transformé en décharge publique et en lieu de rencontres amoureuses. En 1970, grâce à la détermination d’une association et de bénévoles de Basse-Terre, puis des autorités publiques, la réhabilitation des lieux est enclenchée. En 1975, le Conseil général de la Guadeloupe a achèté le Fort à l’État pour 1 franc symbolique. Par arrêté du 21 novembre 1977, le Fort est classé monument historique.
Malheureusement, il y a encore des Guadeloupéens qui ne sont jamais rentrés dans cette imposante construction en pierre pour diverses raisons notamment par ignorance du rôle important joué durant la colonisation de l’île et même de la Caraïbe car ce fort a été le théâtre de violents combats, en particulier entre les Français et les Anglais ; ces derniers l’ayant même occupé durant la Révolution française.
Après avoir connu une valse de noms – fort Saint-Charles (1650), fort Royal, fort Matilda, fort Richepanse, à nouveau fort Saint-Charles – cette construction est baptisé fort Louis Delgrès en 1989 par le Conseil général de la Guadeloupe (aujourd’hui Conseil Départemental) en hommage à ce combattant de la liberté. Soulignons tout le travail effectué par nos historiens et chercheurs afin de faire connaître notre passé.
Louis Delgrès (1766-1802), métis libre né à Saint-Pierre (Martinique) et officier de l’armée bien noté, s’est opposé au rétablissement de l’esclavage par Napoléon en 1802. En effet, le 4 février 1794, la Convention nationale qui gouverne la France révolutionnaire avait aboli l’esclavage dans toutes les colonies françaises.
C’est d’ailleurs de ce fort que Louis Delgrès est parti avec ses 300 compagnons d’armes, en direction de l’habitation d’Anglemont à Matouba, à Saint-Claude. Ayant adopté le mot d’ordre des Jacobins (Républicains) “Vivre libre ou mourir”, ils se sont battus pendant dix-huit jours avant de se suicider pour ne pas être faits prisonniers.
Chaque 27 mai (1848), date de la commémoration de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe, Louis Delgrès, héros de la première abolition de l’esclavage, est célébré. Le fort, ancien symbole de la puissance de la France dans le Nouveau Monde, devient le lieu de cérémonies officielles.