Dans le cadre du programme intitulé “Identités plurielles“, la ville de Pointe-à-Pitre a décidé de mettre en valeur la culture de tous les ressortissants étrangers qui vivent sur son territoire. Après le Liban en mars dernier et Haïti en mai dernier, ce fut au tour de l’île de Cuba de s’exposer au Pavillon de la Ville, les 8 et 10 octobre.
“Identités plurielles”, parce que nous sommes le fruit d’un brassage racial et culturel, dont l’une des composantes est la Caraïbe et dont Cuba est la plus grande île, nous vous invitons à la découvrir, pour son histoire prodigieuse, sa littérature, sa musique, ses traditions, ses arts, ses danses et ses chants, et les traces qu’elle a, amoureusement, laissée en nous (…)”, écrit Gyslaine Nanga, la directrice des affaires culturelles et du patrimoine à la mairie de Pointe-à-Pitre dans le programme de la manifestation. Selon la ville, 250 Cubains sont installés en Guadeloupe.
Au rez-de-chaussée du Pavillon de la Ville, des drapeaux de Cuba, plusieurs photos du “Che”, des livres sur sa vie, des livres sur Cuba et des objets divers étaient exposés. L’une des pièces recevait deux expositions intitulées “Rumba de Cuba” et “Santéria de Cuba” et prêtées par la Médiathèque Bettino Lara, située à Basse-Terre. En outre, la sculptrice et céramiste cubaine Katia Gonzalez Salazar exposait ses magnifiques oeuvres qui ont attiré l’attention de nombreux visiteurs.
Deux figures historiques
Au cours de cet evénement culturel qui n’a duré que deux jours, deux figures importantes de l’histoire de Cuba ont été célébrées. Le 8 octobre était consacré au médecin argentin Ernesto Guevara, surnommé“Le Che”, qui a pris part à la rébellion contre le président Fulgencio Batista au pouvoir depuis 1933 aux côtés de Fidel Castro en 1956 et, le 10 octobre, un focus a été fait sur Carlos Manuel de Céspedes, le grand producteur de sucre qui, le 10 octobre 1868, a lancé un soulèvement contre le pouvoir espagnol; cette Première Guerre de l’Indépendance a duré dix ans et a causé la mort de 200 000 personnes avant qu’un pacte ne soit signé en février 1878.
Le public a ainsi pu assister à la projection de plusieurs documentaires et films tels que “Le Che”, “Journal de Bolivie”, “Roble de Oro” ainsi que “La flauta de cinco llaves en Cuba” et “Los caminos de la rumba cubana en Paris”d’Elis Roca Garcia.
Le lundi 8 octobre dans l’après-midi, les élèves du collège Sadi Carnot qui étaient accompagnés de leurs professeurs, ont pu voir “Le Che” et ils n’ont pas hésité à poser des questions à Gaston Gontour (membre-fondateur et vice-président de l’Association des Amis de Cuba).
Des années d’amitié entre Guadeloupe et Cuba
Âgé de 78 ans, ce technicien à la retraite voue une véritable passion à Cuba, tout comme les autres membres de l’association qui a été fondée en 1999. En novembre 1999, L’Association des Amis de Cuba avait invité en Guadeloupe la fille de “Che” Guevara, Aleida Guevara qui est médecin comme son père… Aujourd’hui, si 300 personnes sont inscrites à l’association, seule une soixantaine de membres est à jour de sa cotisation…
“J’ai connu les mouvements des années 60 dans le monde et de 1967 en Guadeloupe. J’avais une grand-mère qui s’appelait Clara Antonia, j’ai entrepris des recherches pour savoir d’où elle était originaire mais elles n’ont pas abouti. J’ai également un cousin qui est parti vivre au Venezuela (…)”, dit Gaston Gontour.
“L’association des Amis de Cuba” travaille avec l’Institut Cubain d’Amitié avec les Peuples (ICAP) et son action principale consiste à participer aux “Brigades de travail bénévole et de solidarité avec Cuba” qui ont lieu en août de chaque année à Cuba.
Précisons que si “L’Association des Amis de Cuba” a vu officiellement le jour en 1999, 26 Guadeloupéens (13 hommes et 13 femmes) avaient déjà pris part à la 5e “brigade” en 1998. “Là-bas à Cuba, nous avons rencontré des participants venant d’autres îles de la Caraïbe et d’Amérique latine. En août 2018, quatre membres de l’association sont allés à Cuba, la majorité a plus de 50 ans. Au total, il y avait 62 représentants venant de 13 pays: Argentine, Chili, République Dominicaine, Colombie, Équateur, Haïti, Honduras, Jamaïque, Mexique, Guadeloupe, Panama, Pérou, Canada (Québec)“, dit Gaston Gontour.
Voyage à travers les arts
Pour sa part, il a eu l’occasion de se rendre une quinzaine de fois à Cuba. Il se souvient qu’une fois, il voulait absolument qu’un de ses camarades donne un petit carnet à Fidel Castro qui était assis non loin d’eux pour qu’il lui écrive une dédicace, sûrement trop intimidé celui-ci n’a pas osé faire le geste. “Un des gardes du corps qui nous avaient remarqués m’avait dit de me rendre le soir à une autre manifestation où sera Fidel pour essayer d’avoir mon autographe mais quand nous sommes arrivés, il y avait foule”, raconte-t-il.
Durant ces deux journées, il y a eu des conférences sur “Le Che, un météore dans la révolution cubaine” avec le politologue Éric Nabajoth et sur “Le poète Nicolas Guillen, de Cuba à la Guadeloupe” avec Aimé Bertin; une discussion sur “Ma Chair Cuba” avec Michel Bangou et José Cipolin, membres fondateurs de la première association d’amitié avec Cuba, “Guadeloupe-Cuba”, créée en 1971; des prestations de chant avec les élèves du collège Saint-John Perse de Grand-Camp (Les Abymes), de danse avec José Yuste Martinez (danseur, chorégraphe) et de musique avec l’école “La Corde La”, dirigée par Jacqueline Jardinez Lopez.