Comme annoncé en juin dernier, Euzhan Palcy a reçu un Oscar d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre, le samedi 19 novembre dernier à Los Angeles.
C’est l’actrice et productrice américaine Viola Davis (première femme noire à recevoir un Oscar en 2017) qui lui a remis la statuette tant convoitée.
Outre la réalisatrice, d’autres personnalités de l’industrie cinématographique d’Hollywood ont également été honorées lors de cette cérémonie à savoir, Diane Warren, Peter Weir et Michael J. Fox (Prix humanitaire Jean Hersholt).
Pour ce “grand moment d’émotion”, la réalisatrice âgée de 64 ans a prononcé un vibrant discours en anglais : “Je déteste mon accent quand je parle anglais”, a-t-elle dit en demandant aux invités de l’encourager avec des applaudissements.
Euzhan Palcy a d’abord cité le proverbe africain : “Si tu veux aller vite, vas seul, si tu veux aller loin, vas ensemble”.
“Personne n’arrive à cette scène (en parlant de l’endroit où elle se trouvait ce samedi soir) seul. Je ne serais pas ici sans la sagesse et l’amour de tous ceux qui m’ont rejoint dans mon voyage”, a déclaré la réalisatrice en pensant certainement au long chemin parcouru depuis son premier téléfilm intitulé “La Messagère” alors qu’elle n’avait que 17 ans et à son premier film “Rue Cases-Nègres” en 1983…
Puis, elle a remercié, entre autres, sa grand-mère Camille, son père Léon, sa mère Mireille, ses mentors Aimé Césaire, François Truffaut ainsi que Robert Redford qui, en 1985, lui a ouvert les portes des ateliers d’écriture de Sundance (festival de film indépendant américain) où elle a pu écrire son film “Une Saison blanche et sèche”.
Euzhan Palcy n’a pas oublié de remercier chaleureusement tous les spectateurs du monde entier car, selon elle, c’est grâce à eux que ses films sont devenus aujourd’hui des “classiques”. Elle a aussi remercié le Dieu Tout-Puissant.
À ceux qui se demandaient pourquoi elle n’a proposé aucun film au public ces dernières années, Euzhan Palcy leur a répondu : “Je n’ai pas fait de films ces dernières années car j’ai décidé de garder le silence. J’étais épuisée, j’étais si fatiguée de m’entendre dire que j’étais la pionnière (…) que le Noir n’est pas bancable, la femme n’est pas bancable, le Noir et la femme ne sont pas bancables. Allons, les gars, regardez ma soeur Viola debout à côté de moi! a-t-elle déclaré. L’actrice américaine étant actuellement à l’affiche dans “The Woman King”, un film sur les guerrières chargées de protéger le Royaume de Dahomey (aujourd’hui, le Bénin) au 19e siècle…
La réalisatrice martiniquaise a poursuivi son plaidoyer en faveur de la diversité dans le cinéma : (…) Le Noir est bancable, la femme est bancable, le Noir et la femme sont bancables”, en prenant à témoin le célèbre acteur afro-américain Chadwick Boseman de “Black Panther” (film ayant rapporté 1,3 milliard de dollars), décédé en 2020 à l’âge de 43 ans. Euzhan Palcy a souligné sa volonté d’unir le monde grâce à son art : “Ma caméra, mon arme miraculeuse. Avec ma caméra, je ne filme pas, je répare (…) Mes histoires ne sont pas noires, mes histoires ne sont pas blanches, mes histoires sont universelles, elles sont colorées”.
L’artiste a de nouveau remercié l’Académie des Oscars pour cette statuette : “Merci à tous, merci à cet homme merveilleux, Oscar, MON Oscar”, a-t-elle dit avec une pointe d’humour qui a fait rire tout le monde.
Euzhan Palcy n’avait pas fait le voyage seule jusqu’en Californie puisqu’elle était accompagnée de deux jeunes filles, Errine et Salomé, qu’elle a présentées à l’assistance ; l’une étant élève du collège Euzhan Palcy à Gros-Morne, sa commune natale, et l’autre étant élève du lycée Schoelcher : “J’ai voulu qu’elles soient là ce soir dans cette salle avec vous, avec nous afin qu’elles puissent voir et expliquer aux autres enfants comment c’était et les personnes qu’elles ont rencontrées quand elles rentreront chez elles”, a-t-elle dit.