Pour sa dernière exposition de l’année, la galerie Atelier Archipels située dans la commune de Tonnerre en France hexagonale a décidé de montrer les oeuvres de l’artiste peintre guadeloupéenne Agnès Djafri du 7 octobre au 16 décembre 2023. Le nom de cette exposition : “Bigidi Pa Tonbé”.
Sur la page Facebook de l’Atelier Archipels Agnès Djafri déclare: “En créole, on dit souvent qu’un désordre fait de l’ordre. Ainsi, le bigidi est un déséquilibre. Il n’est pas chute. Il est ce composé de résistance, d’acceptation et de résilience qui permet d’Être avec tous les aléas de l’existence. Le bigidi, magnifiquement conceptualisé par la chorégraphe et anthropologue Lénablou, est envisagé dans mes couleurs et mes mots, comme un cheminement fait de pas de danse d’un être imaginaire un peu fou, un peu seul, beaucoup joyeux. Cette exposition en solo, la première en France, est une belle étape dans ma transhumance artistique. Merci la Bourgogne, merci Tonnerre !”
Nous ajoutons que lorsque la danseuse guadeloupéenne Léna Blou a commencé à utiliser le mot “bigidi”, certains ont pensé qu’elle l’avait inventé. En réalité, de nombreux amoureux de la langue créole l’utilisaient depuis très longtemps ou avaient déjà entendu leurs parents ou d’autres aînés l’employer souvent à propos d’une personne ivre, titubant à cause du rhum, mais sans jamais tomber… Par ailleurs, au début des années 80 un professeur d’anglais du lycée Gerville-Réache avait apporté quelques éclaircissements quant à la provenance de “bigidi”. Il vient de l’anglais “to be giddy” qui signifie “avoir le vertige”, “avoir la tête qui tourne” et ce n’est qu’un exemple de l’apport de la langue anglaise à notre créole métissé, né durant la colonisation…
Sur sa page Facebook, Agnès Djafri précise que “c’est une exposition qui parle aussi des rencontres rencontres avec les personnes invisibles qui m’ont touchée. J’ai dû faire une incursion dans l’histoire pour comprendre et j’y ai trouvé des similitudes avec la nôtre en Guadeloupe. Le monde est grand mais nous sommes petits. Heureusement que nous pouvons puiser encore en nous les forces séculaires qui nous permettent un bigidi permanent qui fait danser la vie (…)”.
Si vous désirez voir les peintures (où prédomine sa couleur de prédilection, le bleu) et lire les poèmes d’Agnès Djafri, faites un détour par la ville de Tonnerre, située à moins de 2h00 de Paris dans la région Bourgogne-Franche-Comté.
Bonne nouvelle: l’exposition “Bigidi Pa Tonbé” a été prolongée, elle est visible jusqu’à fin décembre.
Photos: Archipels