Jusqu’à maintenant, on pensait que la “Reine du Zouk” était Jocelyne Béroard mais visiblement, la chanteuse du célèbre groupe – Kassav’ – qui a inventé le Zouk en Guadeloupe dans les années 1970 et qui est composé de Guadeloupéens et de Martiniquais, a du souci à se faire. Toutes les autres chanteuses de Zouk de Guadeloupe, Martinique et de Guyane qui convoitaient ce titre prestigieux vont très mal, aujourd’hui.
En effet, une chanteuse française, originaire du Mali, est devenue en très peu de temps, la nouvelle “Reine du Zouk”. Son nom: Aya Nakamura. Après tout, pourquoi pas? La musique n’a pas de frontières… La plupart de nos chanteuses de Zouk ont quitté la Caraïbe pour s’installer en France hexagonale mais la mode de la “World Music” des années 80-90 étant passée, percer en Europe est très difficile…
En tout cas, Aya Nakamura a trouvé le secret pour “percer”. Il suffisait d’écrire des textes simples en argot de la banlieue parisienne, de mettre des perruques colorées (à l’instar de Spice, la célèbre chanteuse de dancehall jamaïcaine), de porter des tenues sexy et de se déhancher sur de la musique Zouk.
Le problème c’est que l’artiste ne s’est jamais présentée comme une chanteuse du Zouk. Elle se définit plutôt comme une chanteuse urbaine qui chante du R&B et c’est précisément cette attitude qui fait “enrager” de nombreux artistes du genre Zouk et fans de Zouk. Ils se sentent dépossédés et non reconnus. Les musiciens parleront, entre autres, de “rythmique” pour démontrer qu’Aya Nakamura chante bien du Zouk, d’autres qui n’ont aucune connaissance musicale diront qu’il suffit d’écouter ses titres pour se rendre compte qu’il s’agit bien de notre musique.
Quel artiste local aura le culot de regarder la multimillionnaire Aya Nakamura dans les yeux et de lui dire qu’elle chante du Zouk? Aucun car, jusqu’à présent, les mécontents qui galèrent pour toucher leurs maigres cachets parlent dans les tiroirs de table ou tremblent de colère dans leur coin. Jacob Desvarieux et Patrick Saint-Éloi l’auraient certainement fait…
Le titre d’“Artiste francophone la plus écoutée dans le monde” d’Aya Nakamura doit impressionner mais, de quels pays sont originaires ces auditeurs? Si les millions de “frères” et “soeurs” des anciennes colonies africaines de la France sont connectés aux plateformes numériques, ce titre ne peut pas échapper à l’artiste… C’est connu, les Africains adorent le Zouk, particulièrement celui de Kassav’…
En tout cas, à l’heure où tout le monde en Guadeloupe et Martinique parle de vie très chère par rapport à l’Hexagone et d’inflation galopante, beaucoup de nos compatriotes ont trouvé l’argent nécessaire pour assister au concert d’Aya Nakamura qui aura lieu le samedi 11 novembre (Martinique) et le dimanche 12 novembre (Guadeloupe).
Il faut débourser 60 euros et plus, certains fans pourront même réserver un siège dans l’espace VIP en payant 250 euros. Quelle chanteuse de Zouk aujourd’hui aurait réussi à faire déplacer les foules (près 15 000 personnes par concert) à ce tarif ? Aucune.
En fait, ceux qui critiquent le Zouk – lui préférant le Jazz (le petit doigt levé) qui fait plus chic – seront présents avec leurs enfants au concert de Zouk d’Aya Nakamura.
Nous voyons ici le Guadeloupéen et le Martiniquais dans toutes leurs contradictions, leurs complexités…