Il y a quelques années, le “groupe à peau” Very Important Mas (VIM) avait défilé dans les rues de Pointe-à-Pitre en dessous affriolants. Ceci avait été vécu comme une véritable provocation par beaucoup de personnes respectueuses des bonnes moeurs…
Depuis, force est de constater que les tenues des carnavaliers ont beaucoup changé. Dans les “groupes à peau”, le bon vieux treillis militaire lancé notamment par le groupe Akiyo, il y a quarante ans, a bel et bien pris sa retraite, même si on le ressort des placards de temps à autre. Aujourd’hui, tous les “groupes à peau” créent leurs tenues et accessoires. Certains, avec exagération, disent qu’avec un ou deux morceaux de tissu aux dimensions (55cm x 55cm) d’un bandana, les membres sont habillés… Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui le corps est montré, qu’il soit parfait ou imparfait et qu’il soit recouvert de roucou, de “gwo siwo” fait à base de jus de canne à sucre ou de peinture. Les personnes en surpoids ou obèses, souvent critiquées par la société, n’ont aucune honte à porter ces fameuses tenues. Métamorphosés par le son du tambour, du siyak et de la conque, ces hommes et ces femmes défilent chaque dimanche jusqu’aux Jours Gras devant des milliers de paires d’yeux en dansant, en chantant, en souriant et ils sont photographiés ou filmés par des milliers d’appareils photos, de caméras de télévision, de téléphones portables. Participer à un défilé est peut-être une manière de faire une thérapie de groupe géante pour accepter son corps tel qu’il est. Ces carnavaliers semblent n’avoir aucun complexe.
Au fil du temps, le public s’est habitué à voir ces corps assez déshabillés. D’ailleurs, il est rare d’entendre des critiques acerbes sur le physique des participants aux défilés. Et puis, le carnaval est un moment où les gens oublient leurs soucis quotidiens, une sorte de soupape de sécurité dans une île frappée par divers maux sociaux notamment le chômage. Il y a peut-être des gens qui se sentent écrasés par le poids de la société et qui veulent se distinguer…
Le dimanche 2 février dernier, on a pu voir ces costumes qui libèrent le corps lors du défilé nocturne des “groupes à peau” dans les rues de Pointe-à-Pitre, seuls deux ou trois groupes portaient des tenues plus conventionnelles…