Le samedi 21 avril dernier à 19h00, la “Compagnie Difé Kako”, dirigée par la danseuse guadeloupéenne Chantal Loïal, a convié le public à une conférence-dansée intitulée “Cercle égal demi-cercle au carré” à l’habitation La Ramée à Sainte-Rose. Les associations “Soleil du Sud”, “L’Âme des Roses” et “Repriz” ainsi que l’écrivaine Isabelle Calabre ont été associées à cette soirée de restitution consacrée aux danses traditionnelles créoles. Des ateliers d’écriture sur la danse ont eu lieu les 25 et 26 avril.
En résidence depuis le début du mois d’avril à L’Artchipel Scène Nationale à Basse-Terre, la danseuse guadeloupéenne Chantal Loïal et sa compagnie “Difé Kako” sont venues montrer leur travail à l’habitation La Ramée à Sainte-Rose, ce samedi 21 avril dernier. Les spectateurs présents étaient de tout âge et ont participé avec enthousiasme à cette soirée de partage autour des danses traditionnelles locales. La prochaine création de la troupe, basée en France hexagonale depuis 25 ans, s’intitule “Cercle égal demi-cercle au carré” et se propose d’explorer l’évolution de ces danses qui ont vu le jour au 18e siècle en France puis qui sont arrivées dans le Nouveau Monde avec l’esclavage et qui sont toujours pratiquées de nos jours par les populations locales. Parmi celles-ci se trouvent le quadrille de Guadeloupe, la haute taille de la Martinique, la boulangère de la Guyane sans oublier la mazurka, la biguine que la compagnie “Difé Kako” a décidé de fusionner avec des danses contemporaines comme le hip hop, le ragga ou le krump.
Un hommage à l’accordéoniste “Négoce”
Ce projet initié en 2017 a conduit la troupe à effectuer des recherches sur les contredanses en France hexagonale puis à séjourner en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe afin de rencontrer les acteurs de ces danses. La future pièce chorégraphique et musicale sera créée en novembre 2018 et sera interprétée par 8 danseurs et 4 musiciens.
Durant cette soirée culturelle animée par les membres de la compagnie “Difé Kako”, un hommage a été rendu aux anciens musiciens et tout particulièrement à Iréné Reynoir Casimir dit “Négoce”, le talentueux accordéoniste guadeloupéen et amoureux des danses traditionnelles dont le quadrille, décédé en décembre 2017 à l’âge 68 ans. “Repriz”, le Centre Régional des Musiques et Danses Traditionnelles et Populaires de la Guadeloupe, est venu faire part de ses actions pour collecter, préserver et diffuser le patrimoine culturel immatériel de l’île. Deux associations de quadrille – “L’Âme des Roses” de Sainte-Rose et “Soleil du Sud” du Baillif – ont offert plusieurs danses avec la participation de Nita Alphonso, l’une des rares femmes à “commander” le quadrille guadeloupéen ce qui signifie dire aux danseurs les différentes figures à exécuter (la poule, l’été, le pantalon etc.). Quant à Isabelle Calabre, écrivain et journaliste qui était en résidence à l’habitation La Ramée jusqu’au 26 avril, elle a parlé au public de son futur livre intitulé “Contredanses et Quadrilles Créoles : Identités, Esthétiques et Histoire”. Afin de clore la manifestation, la chorégraphe Chantal Loïal a invité les spectateurs sur la piste pour danser avec sa troupe et les deux groupes de quadrille. Un grand moment de partage et de joie…
Des ateliers d’écriture pour jeunes et séniors
Ces résidences ont fait l’objet d’échanges et de rencontres avec le public. Ainsi, le mercredi 25 avril, Isabelle Calabre a animé un atelier d’écriture collective dont le thème était “Le quadrille d’autrefois” avec la participation des séniors de l’association de “L’Âme des Roses” ; dans un autre atelier ayant pour thème “Deviens reporter” organisé le jeudi 26 avril, l’écrivaine a reçu les collégiens de La Boucan à Sainte-Rose lesquels étaient chargés de rédiger une critique et un compte-rendu à partir des photos et vidéos réalisées lors de cette conférence-dansée du samedi 21 avril.
“De janvier à juillet, la programmation de l’habitation La Ramée s’intitule “Passeurs de Mémoires”. Nous avons déjà accueilli quatre artistes en résidence: Nicolas Dernée (photographe), Ronald Cyrille (peintre), Sébastian Drumeaux (musicien) et Isabelle Calabre (écrivain). Les artistes sont bouleversés par ce lieu qui est riche d’une longue d’histoire. Notre but est d’offrir des opportunités de travail, d’expérimentations, d’exploration, d’échange et de dialogue créatif dans un environnement propice à l’inspiration. Ici, les artistes peuvent réfléchir et créer dans le calme”, déclare Audrey Phibel, le responsable de la programmation artistique de La Ramée, une habitation du 18e siècle où travaillaient des esclaves qui est devenue résidence d’artistes en 2002.