Depuis deux ou trois jours, le dossier du Centre des Arts et de la Culture est sur toutes lèvres. Tout d’un coup, des médias se bousculent pour enfin parler de ce bâtiment culturel à l’abandon depuis des années déjà. Pourtant, ces mêmes médias étaient présents lors des différentes visites de chantier (Kariculture n’y a jamais été convié) et rapportaient les déclarations des politiques et techniciens à l’époque.
Où étaient ces mêmes médias quand ce bâtiment pourtant en construction était entouré d’herbes folles, de chiens errants et d’ordures etc.?
Où étaient-ils quand il n’y avait aucun ouvrier sur le site ou quand les ouvriers étaient en grève?
Pourquoi ces médias ne sont-ils jamais allés interroger ceux qui en avaient la charge afin de connaître les raisons exactes de ces différents arrêts de chantier?
On nous dit qu’il y a eu des faillites d’entreprises ainsi que des difficultés financières, quel média en a parlé, à l’époque, pour éclairer la population?
Ce “silence étrange” s’expliquerait-il par la peur de certains responsables qui devaient mener à bien cette rénovation et extension?
Parce que certains médias ont signé une convention avec certaines collectivités qui leur rapporte de l’argent donc il était préférable de fermer les yeux pour ne pas voir cet énorme bloc de béton au beau milieu de la ville et devant l’hôtel de ville?
Où étaient ces “lanceurs d’alerte” qui, d’habitude, ont une opinion sur tous les sujets?
Ces médias ont préféré passer leur chemin et fermer les yeux sur ce qui constitue un scandale: la fermeture du plus grand espace culturel de la Guadeloupe (à l’époque) depuis 2008 et un chantier de rénovation et d’extension interminable et finalement abandonné.
Mais, pendant que le Centre des Arts mourait à petit feu et en silence, on a vu des tas de “centres” et de “palais” en relation avec la culture pousser ailleurs…
En septembre 2018 donc moins de deux ans après son lancement, Kariculture a publié un article sur le sujet intitulé: “Centre des Arts et de la Culture: fermé depuis 10 ans déjà!“. Puisque la mairie de Pointe-à-Pitre ne gère plus ce dossier depuis 2010, nous nous sommes adressés à la communauté d’agglomération Cap Excellence, mais nous avons vite compris que l’on nous racontait “Mango fil ka bay bil” ou “Ou pa bizwen manjé piman pou kriyé chwit”, bref des histoires à dormir debout pour ne pas nous renseigner. Ce mutisme ne nous a pas empêchés de rédiger ce très long papier.
Aujourd’hui, on entend que le budget de rénovation et d’extension du Centre des Arts et de la Culture est passé de 16 millions à 39 millions d’euros, une somme qui serait impossible à réunir.
On apprend que la communauté d’agglomération Cap Excellence et la ville souhaitent vendre le Centre des Arts et de la Culture.
Avec une dette de près de 80 millions d’euros, la mairie n’a même plus d’argent pour acheter du “papier hygiénique”, selon le maire de Pointe-à-Pire qui s’est exprimé récemment sur les ondes. On a alors l’impression d’être aux États-Unis lors de la faillite d’une ville comme Détroit en 2013…
Mais, par ce temps de Covid-19 où le monde culturel est en difficulté, où l’incertitude est générale, sera-t-il facile de trouver un acheteur?
Pour éviter la “friche”, va-t-on brader le Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre qui n’est pas un lieu quelconque mais un haut lieu de mémoire culturel de la Guadeloupe?
Il est annoncé un comité de pilotage qui devra décider, en janvier prochain, du sort de ce grand centre culturel mais la rallonge financière pour terminer les travaux ne sera pas seulement au coeur des discussions. Le budget élevé nécessaire pour faire fonctionner un tel “bateau amiral” – comme le nommait Cap Excellence dans sa revue culturelle en 2017 – sera certainement pris en compte.
La fermeture successive de toutes les structures culturelles de la ville (librairies, cinémas, musée, centres culturels…) est un véritable crève-coeur pour les vrais Pointois qui sont restés dans leur ville alors que d’autres sont partis s’installer ailleurs et pour les Pointois d’adoption comme moi, depuis presque 26 ans…