Le dimanche 23 mai 2021 a été diffusé sur la page Facebook de l’Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO) un programme intitulé “Stronger Together we are a global Family” (Plus forts ensemble nous sommes une famille internationale) pour la reconstruction de Saint-Vincent et Les Grenadines qui, comme nous le savons doit affronter la colère de son volcan La Soufrière, depuis le 9 avril dernier.
Cet événement culturel, destiné à collecter des fonds pour venir en aide à nos frères et soeurs de cet État caribéen, était organisé par la Commission de l’Organisation des États des Caraïbes orientales, en collaboration avec la Coalition mondiale pour Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la Fondation O2N, le Global Leadership Forum, Reggae SunSplash, entre autres partenaires.
Plus de 15 spectacles provenant de plus de 10 pays de la Caraïbe étaient proposés aux internautes au cours de cette soirée qui a duré près de 2 heures. Une pléiade d’artistes de la région est venue chanter, jouer et danser et délivrer un message de solidarité. Parmi ces stars, il y avait Beenie Man (Jamaïque), Machel Montano (Trinidad & Tobago), Romain Virgo (Jamaïque), Alison Hinds (Barbade), Michele Henderson (Dominique), V’ghn & Cryave (Grenade), Teddyson John (Sainte-Lucie), Voice (Trinidad & Tobago) etc.
Le moment est certes très grave, ce n’est pas l’heure de polémiquer car il s’agit de porter secours à un pays dévasté, à une population en souffrance, cependant nous avons quelques interrogations.
Après avoir vu ce “concert virtuel”, les premières questions que nous pourrions nous poser concernent l’absence d’artistes caribéens-français à cet événement musical. En effet, même s’il est question de solidarité ici, il est aussi question de valoriser l’image des îles participantes à travers leurs artistes, comme c’est souvent le cas dans ce type de manifestation. Précisons que l’OECO a parlé de “vitrine virtuelle de l’excellence créative dans la Caraïbe” dans sa présentation de l’événement.
Pourquoi aucun artiste de la Guadeloupe ou la Martinique n’a participé à cet événement alors que des artistes de Barbade, Trinidad & Tobago ou la Jamaïque qui ne font pas partie de l’OECO étaient présents ? Nos artistes ont-ils été sollicités par l’organisation? Si oui, ont-ils refusé cette proposition? Et pourquoi?
D’autres questions plus importantes que nous pourrions aussi nous poser concernent l’absence du nom d’Ary Chalus à l’écran lors de son intervention après 1 heure et 24 minutes et 56 secondes de spectacle. L’organisation a simplement écrit : “Président du Conseil Régional de la Guadeloupe” alors que le nom de tous les autres dirigeants politiques caribéens était inscrit. Notons qu’Ary Chalus a adressé un message en anglais aux habitants de Saint-Vincent bien que le français soit maintenant une langue officielle de cette institution.
Qui devons-nous blâmer pour cette omission? L’OECO qui est pourtant une organisation internationale et qui n’a aucunement le droit d’oublier le nom du représentant d’une de ses îles-membres? La Région Guadeloupe (service communication, fonctionnaire en charge de l’OECO, Commission coopération) qui aurait dû immédiatement signaler cette omission et la faire corriger?
Ce qui peut, pour certains, s’apparenter à un détail n’en est pas un. La Guadeloupe n’est certes pas un pays indépendant mais ses habitants ont élu un représentant politique à la tête d’une assemblée territoriale alors son nom doit être mentionné comme cela a été le cas pour tous les Premiers Ministres des îles caribéennes. Par ailleurs, l’Organisation des États des Caraïbes orientales, créée le 18 juin 1981, célèbre cette année ses 40 années d’existence. La Guadeloupe et la Martinique (territoires français de la Caraïbe) sont devenues membres-associés de cette institution intergouvernementale respectivement en 2019 et 2015.
Notre récente intégration à cette organisation composée d’îles anglophones réclame un effort supplémentaire de notre part pour nous faire connaître auprès de nos voisins caribéens. Nous avons plus d’une trentaine d’années à rattraper. Pour réussir cet exercice, nous avons absolument besoin de l’aide de l’OECO. Il est d’ailleurs dit qu’une somme rondelette aurait été demandée à la Guadeloupe et à la Martinique pour rejoindre cet ensemble d’îles des Petites Antilles. Si la Guadeloupe doit contribuer financièrement à une opération quelconque de l’OECO, celle-ci n’oubliera sûrement pas le nom du Président du Conseil régional… Nous devons être respectés.
En tout cas, ce programme composé de plusieurs spectacles virtuels a permis d’apprécier plusieurs rythmes de notre région tels que le reggae, la soca et, même si les artistes de Guadeloupe et Martinique étaient absents, nous avons pu entendre les sonorités du zouk.
Dès les premiers jours de la catastrophe, les Guadeloupéens et les Martiniquais ont envoyé des tonnes de dons aux Saint-Vincentais. En 1976, la Guadeloupe a connu l’éruption de son volcan dénommé également La Soufrière. En 1902, la ville de Saint-Pierre en Martinique a été rasée par l’explosion de La Montagne Pelée.
“Plus forts ensemble, nous sommes une famille internationale”, c’était le nom de ce programme musical virtuel. Même si nous n’avons pas eu le sentiment de faire partie de cette famille, nous répondons par un dicton créole local : “Sé grenn diri ka fè sak diri” (Les grains de riz font les sacs de riz). Saint-Vincent et les Grenadines a encore besoin de notre aide.
CONCERT / https://fb.watch/5_oxpjKJXT/