Le jeudi 8 février dernier, à 20h00, le Centre Culturel Sonis aux Abymes a accueilli “Ti-Jean et la Parade des diables” de la compagnie de théâtre Gran Bwabwa. Ce spectacle peuplé de marionnettes géantes et de masques est inspiré de contes caribéens. Il a ravi les nombreux enfants et a fait retomber en enfance les adultes.
Malgré le mauvais temps, les passionnés de théâtre de rue avaient tenu à être présents ce soir-là au Centre Culturel Sonis pour voir la pièce de théâtre“Ti-Jean et la Parade des diables”. Les différents personnages, dont Pap Nikolasenk, Nabot Léon, Jénéral Chaloska et Lulu Cifer sont arrivés en musique sur l’esplanade sous les applaudissements des spectateurs. Le percussionniste très connu, Klod Kiavué, qui est le directeur musical de la pièce a montré au public ses talents de comédien. Il faut dire qu’à ses côtés se trouvait la brillante comédienne Carole Raboteur dont la belle voix a su totalement envoûter la foule. Ces deux conteurs ou “maîtres de cérémonie” étaient chargés de transporter les spectateurs dans ce monde imaginaire peuplé de masques, de marionnettes géantes, de personnages divers et très effrayants puis, ils se sont éclipsés.
Ti-Jean, magnifiquement interprété par le jeune comédien Iseyonn Kiavué, est alors entré en scène pour affronter toutes ces étranges créatures… Malheureusement, c’est à ce moment précis que la pluie s’est invitée sur l’esplanade du Centre Culturel Sonis et, après une très courte interruption, la pièce s’est poursuivie dans le hall de l’édifice pour le plus grand plaisir du public.
Ce lieu a été bien choisi par la direction du Centre puisque les spectateurs installés au balcon du premier étage ont pu profiter d’une belle vue. Ce petit désagrément n’a aucunement perturbé les comédiens amateurs de la troupe – dont certains sont très jeunes – lesquels ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour maintenir la qualité du spectacle.
Une pièce ancrée dans l’imaginaire caribéen
La compagnie de théâtre Gran Bwabwa qualifie l’univers de cette pièce de “baroque et décalé, profondément ancré dans la tradition et l’imaginaire de la Grande Caraïbe, haut en couleur et en verbe, qui interroge l’Histoire, la violence symbolique et la mémoire des temps obscurs de l’esclavage”. Pour écrire cette oeuvre, Nathalie Malot, la directrice artistique de Gran Bwabwa , s’est inspiré des contes de la Caraïbe notamment ceux reccueillis par le journaliste et écrivain de nationalité irlandaise puis japonaise, Lafcadio Hearn, quand il séjourna en Martinique de 1889 à 1891 et du livre “Ti-Jean et ses Frères” (écrit en 1958 et publié en français en 1997) du Saint-Lucien Derek Walcott, Prix Nobel de Littérature en 1992.
À travers cette manifestation, l’association Kanaoa Production qui a été créée en 2004 et qui gère la compagnie de théâtre Gran Bwabwa a pu montrer aux gens son savoir-faire sur le plan artistique et son engagement sur le plan social.
En effet, les marionnettes géantes et les masques en papier mâché de la pièce “Ti-Jean et la Parade des diables” ont été fabriqués au cours d’un atelier chantier d’insertion. Par ailleurs, quelques masques ont été réalisés par des détenus du centre pénitentiaire de Baie-Mahault.
L’an dernier, cette pièce de théâtre de rue a été présentée dans les communes de Sainte-Anne et du Moule ainsi qu’au Mémorial ACTe en Guadeloupe mais il mériterait d’être jouée dans d’autres îles de la Caraïbe et pourquoi pas, dans des grands festivals nationaux comme le “Festival d’Avignon”.