Ce mardi 1er janvier 2019, dans la matinée, plusieurs “groupes à peau” comme Nasyon a Nèg Mawon, Chenn-la, Klé la, Mas ka Klé et Moun Ki Moun, sont allés à la mer prendre le fameux “ben démaré” du premier jour de l’année pour que le Mas se déroule sans aucun problème.
Comme chaque 1er janvier, à partir de 8h00 du matin, les tambours, les conques de lambi et les “chacha” envahissent les rues des villes de Pointe-à-Pitre et des Abymes. Les groupes de carnaval – spécialement les groupes à peau – quittent leur local en musique pour se rendre à pied sur la plage du Bas-du-Fort au Gosier, une commune limitrophe, et prendre leur fameux “ben démaré” (bain démarré), un rituel qui est censé les purifier. Ce mardi matin, nous avons rencontré les groupes Nasyon à Nèg Mawon, Chenn-la et Klé la qui allaient traverser le quartier populaire du Carénage à Pointe-à-Pitre.
Vers 8h30, Nasyon a Nèg Mawon dont le siège se trouve maintenant dans le quartier de Bergevin à Pointe-à-Pitre, comme l’an dernier, s’est arrêté à la gare routière de Darboussier et nous avons profité de cette pause pour discuter avec la présidente du groupe, Gina Gabon-Pioche. “Ce déboulé puis ce “ben démaré” marquent le début du Mas. Le Mas étant le sujet que l’on tourne en dérision, le moment où l’on se métamorphose, on s’amuse (…) Nous allons faire ce rituel à la mer pour que tout le carnaval ainsi que toutes les autres manifestations que nous organiserons après la période carnavalesque donc pendant toute l’année se déroulent bien. Dès que nous arriverons sur la plage, nous ferons notre offrande à la mer, aux divinités. Malheureusement, cette année, nous n’avons pas beaucoup de fruits et légumes et pas de fleurs, comme c’était le cas l’année dernière”, explique-t-elle.
Une “Commission rituel” pour prendre soin du Mas
La “Commission rituel” de l’association est responsable de l’organisation de cet événement annuel. “Cette commission est chargée de la bonne santé du Mas. Sur la plage, les musiciens se mettent à jouer, des membres de la “Commission rituel” rentrent dans la mer pour déposer les offrandes à 20 ou 30 mètres du rivage”, poursuit-elle. Nasyon a Nèg Mawon qui a été créé en 2003 a toujours respecté ce rituel du “ben démaré”. Gina Gabon-Pioche participe au carnaval depuis trente ans et elle est la présidente de ce groupe depuis deux ans. Quand on lui pose la question : “est-ce un “gadèd zafè” (voyant) qui vous a demandé de faire cette offrande annuelle aux divinités ?”, elle répond que ce rituel du “ben démaré” des groupes de carnaval n’est qu’une inspiration du “ben démaré” traditionnel que bon nombre de Guadeloupéens prennent le Jour de l’An pour se débarrasser des mauvaises choses et commencer une nouvelle année sainement. “Avant, ce bain se passait plutôt dans les familles : on allait se baigner à la mer avec, par exemple, une queue de morue, un bouquet à soupe, on se lavait avec, et on sortait en tournant le dos à la mer etc. Les anciens groupes à peau avait un rituel du “ben démaré” qui étaient différent et plus long et les membres se mettaient en cercle pour prier etc. Tous les membres du groupe Nasyon a Nèg Mawon ne sont pas obligés de prendre ce bain”, déclare Gina Gabon-Pioche. Après une quinzaine de minutes, Nasyon a Nèg Mawon est reparti à grand pas en direction de la plage du Bas-du-Fort…
À noter que certains groupes prennent juste un bain de mer et ne font aucun rituel…
En revanche, à partir du dimanche 6 janvier et jusqu’au 6 mars (mercredi des Cendres), tous les groupes seront dans les rues de l’île, chaque week-end.