Étant présent au 4e “Congrès des Écrivains de la Caraïbe” qui s’est déroulé du 15 au 18 avril 2015 en Guadeloupe, Jacky Dahomay a communiqué sa vision de philosophe politique de la “déterritorialisation” .
Pour Jacky Dahomay, le philosophe guadeloupéen, l’esclave a été réduit à l’état animal et a subi “une déterritorialisation radicale”. Il affirme : “la créolisation de l’esclavage dans la Caraïbe, ce n’est pas la mort de l’esclave, je choque en disant cela”. Selon lui, le maître esclavagiste n’avait pas la volonté de faire mourir l’esclave mais la volonté de le faire vivre “en produisant une autre vie humaine déshumanisée même si c’est contradictoire”. Alors, comment les esclaves ont-ils créé de l’humanité ? “Ils ont créé du lien même si l’espace public était réservé aux colons”, d’après Jacky Dahomay. C’est une création d’humanité où il a fallu inventer une nouvelle langue. “La femme est à l’origine de la créolisation”, poursuit cet agrégé de philosophie retraité qui fait référence à “La Mûlatresse Solitude”, héroïne du roman d’André Schwarz-Bart et donc à “l’imaginaire créole qui se manifeste dans la littérature”.
Quelle identité créole ?
Dans son analyse, Jacky Dahomay pense que la crise politique actuelle transforme le vivre ensemble : “la mondialisation affecte les États”, (par exemple, en Grèce) ; il existe une “désymbolisation des institutions” et, localement, une forte “interrogation sur l’identité créole”. “Le délitement du lien social provoque un repli identitaire (…) notre identité voyage même si nous ne voyageons pas, le monde mondialisé vient nous trouver et nous modifier”, explique Jacky Dahomay. Par ailleurs, ceci entraîne, aujourd’hui, “une nouvelle crispation noire négative”. “Le mot “nègre” est très utilisé ici en Guadeloupe depuis quelque temps, c’est une régression identitaire, cette négritude n’est pas celle de Césaire. On est dans la dette infinie (pour réparer les crimes de l’esclavage) ; ce sont des délires mémoriels (…), affirme le philosophe politique.