Initialement prévu non loin de l’aéroport Pôle Caraïbes aux Abymes, le Memorial ACTe ayant une surface trop importante s’est finalement dressé à l’emplacement de l’ancienne usine sucrière de Darboussier à Pointe-à-Pitre où des centaines de Guadeloupéens ont jadis travaillé.
En 2007, le concours d’architecture, lancé par le Conseil régional de la Guadeloupe, a été remporté par le cabinet BMC. Les concepteurs se sont alors inspiré d’une vinaigrerie en ruine dont les murs sont couverts de racines d’un figuier pour dessiner le plan de cet édifice. La construction du Memorial ACTe a débuté à la fin 2012 pour une livraison en mars 2015. Il s’agit d’une boîte noire construite en granit enserrée dans des racines d’un figuier maudit en aluminium. La façade noire de cette “boîte” est un hommage aux victimes de la traite et de l’esclavage ; la constellation quartzeuse symbolise la mémoire de millions de captifs disparus notamment en mer. Avec des murs en béton de 11m de hauteur coulés d’un seul coup dans le respect des normes parasismiques, l’édifice est très impressionnant. Cette aspiration vers le haut se poursuit avec la construction d’une longue passerelle suspendue à une dizaine de mètres du sol reliant le bâtiment au “Morne Mémoire de Darboussier” transformé en un jardin panoramique.
Au total, le Mémorial ACTe a une surface de 7 800m2. Près de 2 500 m2 sont réservés aux expositions permanentes et expositions temporaires.
L’espace “Expositions permanentes” décrit l’histoire de l’esclavage depuis l’antiquité jusqu’à nos jours en 39 modules appelés “îles” regroupés en 6 périodes historiques ou “archipels” : l’archipel 1 est consacré aux Amériques ; l’archipel 2 traite de l’esclavage et du commerce négrier ; l’archipel 3 se penche sur la vie à l’époque de l’esclavage ; l’archipel 4 présente l’époque de l’Abolition de l’esclavage ; l’archipel 5 étudie la période post-abolition et la ségrégation ; l’archipel 6 est dédié à l’esclavage d’aujourd’hui.
Les visiteurs peuvent découvrir chaque archipel avec un guide audio disponible en quatre langues (français, créole, anglais et espagnol).
Le reste de la surface est occupé par : un centre de recherches généalogiques pour mieux connaître l’histoire et l’origine des noms de famille donnés aux anciens esclaves en Guadeloupe et dans la Caraïbe ; une médiathèque comprenant des documents et des livres sur la traite, l’esclavage et l’art contemporain ; un espace de conférence et d’arts vivants de 256 places ; deux restaurants dont un gastronomique ; un magasin ; un immense parvis agrémenté d’une palmeraie dédié aux événements en plein air ; un site ouvert sur la mer réservé aux visiteurs arrivant par bateau.
Pour bien visiter le “Centre Caribéen d’Expressions et de Mémoire de la Traite Négrière Transatlantique et de l’Esclavage”, il faut près de trois heures. À la tombée de la nuit, les racines argentées du Mémorial ACTe s’illuminent. Cette animation lumineuse contribue à rendre l’édifice encore plus dynamique et attractif pour les locaux et les touristes.
