En 2007, Patricia Barchant est devenue une artiste-peintre professionnelle après avoir pratiqué le dessin et la peinture comme passe-temps et après avoir été secrétaire, décoratrice et formatrice. Depuis six ans, dans la commune du Gosier en Guadeloupe, elle a lancé “Gîte-Art-Tradition”, un projet novateur qui marie l’art au tourisme dans un environnement écologique.
Patricia Barchant se présente comme une artiste-peintre autodidacte. Originaire de la ville de Pointe-à-Pitre, elle a quitté la Guadeloupe à l’âge de 7 ans pour la France hexagonale où elle a passé une bonne partie de sa vie d’adulte. “J’ai toujours aimé le dessin. Quand j’étais enfant, j’ai commencé par dessiner “Les contes et légendes”. Lorsque je suis devenue secrétaire à Paris, j’avais un passe-temps: prendre des cours de dessin notamment à Montparnasse. En 1981, j’ai eu l’occasion de partir dans la ville de Mexico où j’ai été décoratrice pendant une année. À mon retour en France, j’ai aussi suivi des cours de graphisme”, raconte-t-elle
En 1995, Patricia Barchant retourne sur son île natale. Elle travaille comme commerciale pendant une dizaine d’années mais elle continue à peindre chez elle par passion. Aujourd’hui, l’artiste a une dizaine d’expositions individuelles et collectives à son actif. En 2003, c’est-à-dire huit ans après son arrivée en Guadeloupe, la jeune femme décide de montrer son travail au public en organisant sa première exposition individuelle à l’Archipel des Sciences ; il s’agit d’une série d’aquarelles sur “Les Alicaments” ou les plantes et d’arbres locaux (fruit à pain, ananas, gros thym etc…) qui peuvent guérir les maladies. Pour mener à bien ce travail, l’artiste effectue auparavant un long travail de recherches. En mars 2006, sa seconde exposition intitulée “Rythmes et Couleurs” se tient au Centre Culturel Rémi Nainsouta à Pointe-à-Pitre. Elle explore ainsi le monde de la danse traditionnelle notamment le gwoka.
Une artiste-peintre professionnelle
En 2007, Patricia Barchant change de vie professionnelle : “j’ai décidé de devenir une artiste-peintre à temps-plein, c’était un nouveau challenge pour moi”, dit-elle. Au mois de juin de cette même année, l’artiste organise sa troisième exposition individuelle mais sa première en tant qu’artiste professionnelle. Elle se penche, cette fois-ci, sur l’histoire des bâteaux de la Caraïbe; son exposition intitulée “Asi on dòt soley” est réalisée en partenariat avec l’agence de voyages Riverains Tours et l’Atelier Odyssée. Comme pour les “Alicaments”, elle se documente : “j’ai lu des livres et des magazines, j’ai fait des photos de nos différents bateaux traditionnels comme les saintoises et les yoles mais aussi les bateaux contemporains avant de faire les esquisses et de peindre”, explique-t-elle.
Sa quatrième exposition individuelle a lieu dans un restaurant de Jarry à Baie-Mahault et se compose d’une dizaine de “kakémono”. Sur ces toiles qui se déroulent, elle a réalisé des aquarelles à la japonaise. Ensuite, elle enchaîne avec une exposition d’une dizaine de toiles représentant des orchidées : “je me suis aussi documentée avant de peindre. J’ai aussi voulu écrire le nom des fleurs sur les toiles”, dit-elle.
Une préférence pour la peinture figurative
Depuis 2015, Patricia Barchant participe à l’exposition d’art collective organisée, chaque année, par le Festival International du Zouk de la Guadeloupe (FIZ) au cours de la dernière semaine de juillet au Centre Culturel Rémi Nainsouta. “C’est une expérience stimulante. C’est bien de rencontrer d’autres artistes, de voir leur travail et de discuter avec eux. À chaque édition, nous avons un nouveau thème à travailler”, déclare-t-elle.
Le nom de la peintre est de plus en plus connu dans le paysage artistique guadeloupéen. “J’ai une préférence pour la peinture figurative même s’il m’arrive parfois de faire de l’abstrait. J’aime beaucoup peindre la nature, les portraits. Depuis quelque temps, je fais aussi du collage. J’aime les couleurs vives car elles représentent la gaieté, en ce moment, je suis dans ma période bleue”, affirme-t-elle.
Par ailleurs, l’artiste apprend la peinture sur tee-shirt avec le peintre guadeloupéen Joël Nankin. Avec lui, elle réalise aussi une fresque. Elle fait aussi des “pierres de gratitude” qui auraient des propriétés spirituelles et sur lesquelles elle peint des motifs abstraits. Entre 2009 et 2011, période où elle est formatrice en arts appliqués au centre de formation ASFO, elle enseigne cette technique à ses stagiaires.
Un projet pour allier l’art au tourisme
Entre 2011 et 2012, Patricia Barchant suit une formation de responsable d’établissement touristique car elle a l’intention de s’attaquer à un autre challenge. En effet, en 2012, l’artiste-peintre décide d’allier l’art au tourisme dans un projet novateur qu’elle présente au Conseil Régional de la Guadeloupe afin de bénéficier des fonds européens. Concrètement, elle souhaite construire sur un terrain qu’elle possède déjà une structure qui abritera une galerie d’art au rez-de-chaussée et un gîte pour accueillir des touristes au premier étage. Aujourd’hui, il est difficile de ne pas voir quand on traverse le centre-ville du Gosier cette jolie maison en béton et en bois peinte en vert, rose et bleu avec des parties vernies et cette jolie fresque réalisée par Patricia et son fils.
“Cela m’a pris cinq années pour concrétiser ce projet. J’ai déjà reçu des touristes français de l’Hexagone, allemands, américains, martiniquais et même guadeloupéens. J’ai transformé la galerie en un espace où je donne des cours de dessin et de peinture à des enfants et des adultes plusieurs jours par semaine pendant la période scolaire et les vacances. J’ai aussi un espace qui me sert d’atelier, c’est ici que j’exprime ma créativité. Les gens visitent les espaces où j’expose des toiles, ils peuvent acheter mes oeuvres et il arrive que les touristes qui sont logés dans le gîte achètent aussi l’une de mes toiles en quittant la Guadeloupe”, explique la peintre.
Des idées pour vivre l’écologie attitude
L’artiste souhaite aussi donner une “attitude écologique” à ce lieu qu’elle baptise “Gîte-Art-Tradition”. Elle imagine d’abord un jardin où elle plante entre autres des fleurs tropicales, des bananiers, des cocotiers, un papayer, de la canne à sucre, des indigotiers, de la verveine, des pois, des piments, des aubergines, des tomates… Après avoir installé des mangeoires pour les oiseaux, un bac pour le compost, des barils pour récupérer l’eau de pluie, elle vient de construire un bassin avec des “golomines”. “Au fur et à mesure, j’ai des idées qui me viennent. Je suis le flux de mes inspirations, c’est comme une fontaine”, déclare l’artiste.
Si le lundi et le mardi sont consacrés aux démarches administratives, du mercredi au samedi, Patricia qui habite à Pointe-à-Pitre se rend sur son lieu de travail au Gosier et les activités ne manquent pas. “Je peux m’installer dans l’atelier pour peindre une toile, je peux m’installer à l’extérieur de l’atelier pour peindre des tee-shirts, je peux donner des cours de dessin ou de peinture, je peux jardiner etc”, dit-elle.
En ce moment, Patricia réfléchit sur différents thèmes comme le carnaval ou la rivière pour ses prochaines expositions. À l’occasion des quarante ans de “La Route du Rhum” en novembre prochain, l’artiste compte présenter une série de petits tableaux inspirés de cette célèbre course de voiliers transatlantique qui se déroule entre Saint-Malo (France hexagonale) et la Guadeloupe tous les quatre ans. “Je m’inspire aussi de l’actualité”, dit-elle.