Le classement de la Guadeloupe en “zone d’alerte maximale” à cause de la forte propagation du coronavirus a eu raison de la Pool Art Fair 2020 physique. Le plus grand salon d’art contemporain de l’archipel sera virtuel, du 9 au 11 octobre. Le vernissage en ligne aura lieu ce jeudi 8 octobre à partir de 19h00.
Le 27 août dernier, face à la recrudescence du nombre de cas positifs de Covid-19, le Premier ministre, Jean Castex, annonçait lors d’une conférence de presse le classement de la Guadeloupe, de Saint-Martin et Saint-Barthélemy en “zone de circulation active du virus”, à l’instar de 20 autres départements français (Martinique, Paris, Bouche-de-Rhône, Haut de Seine etc.), avec toutes les mesures contraignantes qui accompagnent cette décision. Beaucoup se demandaient comment la Pool Art Fair Guadeloupe – organisée par l’association Frère Independent – qui avait déjà changé de dates à plusieurs reprises, pouvait réellement avoir lieu.
Un mois plus tard, lors de sa conférence de presse du 23 septembre dernier, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé l’aggravation de la crise sanitaire dans certaines régions françaises. La Guadeloupe (comme la région d’Aix-Marseille) a alors été placée en “zone alerte maximale” à cause d’une augmentation du nombre de décès et nouveaux cas (16 décès et 1059 nouveaux cas positifs, la semaine précédente). Nous avons vu les restrictions qui ont découlé de ce nouveau constat : obligation de porter le masque partout avec un renforcement des contrôles des forces de l’ordre dans les rues, les bus, devant les lycées; fermeture de nombreux commerces; annulation de grands événements; interdiction de fréquenter les plages et les rivières à certaines heures, entre autres. Dans un tel contexte, il était impensable que la Pool Art Fair Guadeloupe puisse se maintenir malgré toute la bonne volonté de ses organisateurs et le protocole sanitaire le plus strict qui serait mis en place.
Une exposition virtuelle sans frontières
Rappelons que cette année, l’événement artistique ne se déroulait pas dans le vaste terminal de croisières du port de Pointe-à-Pitre mais dans des chambres de l’hôtel Fleur d’Épée au Gosier. Il est clair que gérer le flux des visiteurs dans ces espaces fermés (5 maximum par chambre) avec un virus qui a “repris du poil de la bête” aurait été compliqué pour l’organisation.
Aller voir une exposition suppose que le visiteur soit prêt à voir les oeuvres et recevoir le message délivré éventuellement par l’artiste. Mais, avec un tel stress provoqué par ce coronavirus en embuscade, il était à prévoir que le nombreux public des années passées n’aurait pas été au rendez-vous.
Il est surtout évident que, suite à ce classement en “zone alerte maximale”, les autorités préfectorales et sanitaires locales n’auraient pas autorisé cette manifestation car, à l’exception des cinémas qui restent ouverts, tous les grands événements sont annulés.
Thierry Alet, l’artiste organisateur de la Pool Art Fair Guadeloupe, et son équipe ont dû se résigner à modifier le déroulement de la plus grande fête annuelle de l’art contemporain de l’archipel. La solution la plus évidente était alors de proposer cette 11e édition en ligne et en 3D. Frère Independent qui a déjà entrepris son “virage numérique” n’aura aucun mal à réaliser ce grand salon car, rappelez-vous, pendant une partie du confinement, du 16 avril au 31 mai 2020, elle avait présenté une exposition collective d’oeuvres d’art en ligne, intitulée “Le Temps du Confinement“. Après cette première dans l’archipel, du 11 au 21 juin dernier, cette association avait également lancé une vente aux enchères en ligne d’oeuvres d’art contemporain appartenant à des collectionneurs privés guadeloupéens. Puis, du 23 au 30 juillet, Frère Independent s’était attaquée à une nouvelle vente aux enchères en ligne dédiée aux oeuvres de petits formats.
La seule inconnue aujourd’hui demeure la “fréquentation numérique” du salon, le nombre de personnes qui se connecteront pour découvrir les oeuvres et surtout les acheter. L’exposition virtuelle n’a pas de frontières, les visiteurs et acheteurs peuvent être originaires du monde entier.
Se réinventer en temps de Covid-19
Être devant son ordinateur, avoir son téléphone portable ou sa tablette en main, ce n’est pas vivre l’ambiance festive du salon avec la possibilité de discuter avec les artistes-exposants ou de rencontrer des amis. C’est vivre une autre expérience artistique, parfois plus solitaire et plus calme.
La bonne nouvelle c’est que la Pool Art Fair Guadeloupe sera accessible au public 24h/24h du vendredi 9 octobre à midi au dimanche 11 octobre à 20h00. Les visiteurs pourront découvrir plus d’une centaine d’oeuvres d’art réalisées par une trentaine d’artistes. Le vernissage prévu ce jeudi 8 octobre aura lieu en ligne à partir de 19h00, les invités pourront se connecter grâce à un code délivré par l’organisation.
Au fil des ans, la Pool Art Fair Guadeloupe est devenue un lieu fréquenté par des personnalités politiques, économiques ou culturelles de l’archipel mais aussi des simples gens. Cette année, ceux qui (amateurs d’art ou novices) étaient habitués à “être tirés à quatre épingles” pour déambuler dans les allées du salon n’auront pas cette “scène” pour se montrer. C’est cela aussi ce salon…
Il est clair aussi que cette Pool Art Fair Guadeloupe, nouvelle formule, entraînera des conséquences économiques avec une absence de recettes réalisées notamment par la vente de stands aux artistes (une trentaine de participants cette année au lieu de 80 ou 100), par la vente des billets d’entrée (10€), de boissons et de nourriture mais aussi le non-recrutement de professionnels divers.
Enfin, une question mérite d’être posée: la vente en ligne d’oeuvres d’art ayant, actuellement, “le vent en poupe”, les artistes n’ayant pas souhaité participer à cette édition virtuelle ont-ils “raté le coche” de se réinventer ?
