Patricia Lollia et Agnès Djafri & Khad sont les artistes qui participent à la seconde exposition de cette série qui se tient à la galerie-café, Art Ruche, à Pointe-à-Pitre, du 15 au 21 octobre.
Du 9 au 11 octobre dernier s’est déroulée la Pool Art Fair Guadeloupe en ligne, la digitalisation de ce grand salon d’art contemporain est la conséquence de l’épidémie de Covid-19 dans l’archipel, comme dans beaucoup d’autres lieux dans le monde. Afin de compléter cette exposition virtuelle en 3D, l’organisatrice, l’association Frère Independent, a proposé également à la trentaine d’artistes-exposants de montrer leurs oeuvres physiquement dans sa galerie-café située au 6, Quai Layrle, dans le quartier de la Darse à Pointe-à-Pitre. Tous n’ont pas accepté mais plusieurs se succéderont dans cet espace et le public pourra y redécouvrir de nombreuses créations déjà vues derrière ses écrans. Dans un premier temps, jusqu’en décembre, un binôme d’artistes exposera chaque semaine (sauf le samedi et le dimanche). Astrid Billy et Adly ont inauguré du 8 au 14 octobre ce cycle d’expositions. Nous nous sommes rendus à la seconde exposition qui met en scène, du 15 au 21 octobre, les oeuvres de Patricia Lollia et d’Agnès Djafry & Khad.
Des matériaux naturels en vedette
Patricia Lollia qui était présente lors de notre reportage a pris plaisir à présenter chacune de ses huit oeuvres aux visiteurs même si des explications écrites les accompagnaient et à répondre à leurs questions. Si deux d’entre elles – Bèt a Man Ibè et Mofwazé – avaient déjà pris part à l’événement en juin 2019, les six autres sont inédites: The Day Before et The Day After représentent respectivement le confinement et le déconfinement ; L’Homme au Bâton et Lagyablès s’inspirent de nos contes et légendes ; Homo Erectus est un clin d’oeil à la fabuleuse histoire de l’espèce humaine ; Soledad incarne une guerrière pour la Liberté.
“Je travaille avec des matériaux naturels comme du bois flotté que je récupère sur les plages, ce bois étant resté longtemps dans la mer, il n’a besoin d’aucun traitement chimique; il y a aussi des noix de cocos, des graines, de la ficelle etc. Pour réaliser “The Day Before”, je suis allée prendre des planches dans des maisons qui ont brûlé à Pointe-à-Pitre et les visages sur cette oeuvre (comme “The Day After”), sont déstructurés, cela rappelle Picasso qui est l’un de mes peintres préférés. “Soledad” est le seul tableau que je présente, il est en 3D avec ce collier (…) Les couleurs les plus utilisées sont le bleu, le jaune et le rouge et mes motifs sont personnels même si je m’inspire des motifs africains et amérindiens”, nous a longuement expliqué l’artiste.
Visiter notre monde intérieur
Au fond de cet espace est exposée une dizaine de tableaux de l’artiste peintre Agnès Djafri et de sa fille, Khad. Le camaïeu de bleus – même si d’autres couleurs comme l’orange, le jaune et vert sont aussi utilisées – attirent le regard des visiteurs. Les personnages représentés sont généralement nus et semblent célébrer la vie. Ces oeuvres ne portent pas de nom, c’est un choix des deux artistes. Agnès Djafri nous a plus tard expliqué sa démarche artistique et celle de Khad.
“Cette exposition à quatre mains avec Khad, ma fille, s’intitule “Portes sur l’Ailleurs”. À quatre mains parce qu’elle est ambidextre et moi, j’utilise ma main gauche comme palette. Nous proposons une vision de notre monde intérieur. Comme une piste à suivre pour le spectateur. Notre collaboration très intime nous a paru évidente à l’heure du confinement, de l’enfermement, de la distanciation… Un peu comme un pied de nez. Nombreux sont ceux qui se sont tournés vers leurs jardins, longtemps ignorés ou délaissés. Certains aussi ont visité leur jardin intérieur, c’est là que nous y avons ouvert une porte”, explique la peintre qui, à l’instar de nombreux artistes dont sa fille, a exprimé ses émotions à travers ses oeuvres durant ce moment sans précédent.
Les lieux publics d’exposition sont très rares actuellement à Pointe-à-Pitre, n’hésitez pas à vous rendre à l’Art Ruche pour découvrir gratuitement les oeuvres et rencontrer les artistes, dans le respect des gestes-barrière.
